SDF : fin du plan hiver, et après ?

Les associations demandent le maintien de 10.000 places d'hébergement d'urgence. Cécile Duflot doit trancher.
Les associations demandent le maintien de 10.000 places d'hébergement d'urgence. Cécile Duflot doit trancher. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Les associations demandent le maintien de 10.000 places d'hébergement. Cécile Duflot doit trancher.

Des passants qui appellent le 115 pour signaler un SDF en difficulté, des maraudes qui vont à la rencontre des sans-abri pour leur proposer un hébergement d'urgence... Pendant l'hiver, le sort des sans domicile fixe est particulièrement médiatisé et les solutions d'hébergements sont multipliées. Mais au retour des beaux jours de nombreuses places sont fermées. La nouvelle ministre du Logement, Cécile Duflot, qui a promis d'en maintenir certaines doit annoncer ses arbitrages jeudi.

La fin du plan hiver repoussée par le gouvernement Fillon

Le plan hivernal, déclenché chaque hiver dès le 1er novembre, permet de mobiliser des moyens supplémentaires d'hébergement d'urgence pour les SDF. Cette année, ce sont 15 à 20.000 places qui ont été mises à disposition, en plus de la centaine de millier ouvertes toute l'année. En théorie, le dispositif aurait dû s'arrêter le 31 mars dernier. Mais à l'approche de la présidentielle, le précédent gouvernement avait repoussé l'échéance, en étalant les fermetures progressivement jusqu'à fin juin.

A son arrivée au gouvernement, la nouvelle ministre du Logement Cécile Duflot a prolongé le sursis de dix jours - mais près des trois-quart de ces hébergements ont déjà été fermés. Dans l'intervalle, la ministre du Logement a demandé aux associations d'évaluer le nombre de SDF concernés. "La ministre semble vouloir passer d’une gestion de l’hébergement au thermomètre à un fonctionnement en fonction des besoins", se félicite Matthieu Angotti, de la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars), dans les colonnes de La Croix. Selon lui, près de 6.000 places devraient "a minima" être maintenues ouvertes ou être rouvertes, pour éviter les remises à la rue - un chiffre qui ne comprend pas les besoins des départements de Seine-Saint-Denis, du Rhône et de Paris.

"Il ne peut y avoir de politique d'été et de politique d'hiver"

Du côté de la Fondation Abbé Pierre, on estime entre 6.000 et 10.000 sans-abri qui se retrouveront à la rue si les hébergements sont fermés. L'association demande à la ministre du Logement "un vrai plan structurel de l'hébergement". "Quand les gens sont à la rue 365 jours par an, il ne peut y avoir de politique d'été et de politique d'hiver", estime son président, Patrick Doutreligne.

"Paradoxalement, il est plus facile de trouver une solution d'hébergement en hiver qu'en été", assure Matthieu Angotti, joint par Europe1.fr. Pour le moment, les associations n'ont "aucune idée du nombre de places qui seront disponibles cet été", assure-t-il. "Cécile Duflot peut se contenter de maintenir les hébergements du plan hivernal encore ouverts - soit 3 à 4.000 places - ou alors elle peut décider de rouvrir toutes les places qui avaient été débloquées - jusqu'à 20.000 places", détaille Matthieu Angotti. Mais cette dernière solution est plus compliquée qu'il n'y paraît : pendant l'hiver, des gymnases sont réquisitionnés ponctuellement, il faudrait donc créer de nouvelles places pérennes pour atteindre le même nombre de lits disponibles.

"On sera toujours loin des besoins ressentis sur le terrain"

"Même si Cécile Duflot annonce des chiffres à minima, c'est toujours mieux que ces places soient ouvertes que fermées. Mais on sera toujours loin des besoins ressentis sur le terrain", poursuit le président de la Fnars. Selon lui, à l'heure actuelle, près d'une demande au 115 (le numéro d'urgence pour les sans-abri, ndlr) sur deux ne peut aboutir faute de place.