Deux mois après le terrible accident de Bretigny-sur-Orge, qui a coûté la vie à 7 personnes, Europe 1 vous révèle qu'il existe des lignes bien plus vétustes que l'axe Paris-Limoges. La ligne de TER qui relie Nantes à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, en Vendée, en est un exemple criant. Les anomalies se sont en effet récemment multipliées sur cette ligne à bout de souffle, vieille de… cent ans.
Une centaine d'éclisses cassées. Au bout d'un siècle d'utilisation, les rails comme les aiguillages sont dans un état de dégradation avancé. Ainsi, un chiffre circule entre les cheminots qui travaillent sur cette ligne : depuis le 1er janvier, une centaine d'éclisses se sont cassées au passage des trains. C'est cette pièce métallique qui sert à raccorder entre eux deux rails consécutifs qui s'est retournée et s'est coincée dans l'aiguillage, causant l'accident de Brétigny.
Pour les réparer, les cheminots n'ont pas d'autre choix que de bricoler avec les moyens du bord. Certains ont même confié à Europe 1 qu'ils devaient parfois souder ces barres en acier cassées, une pratique normalement interdite.
Des "tire-fonds" qui se dévissent. Christian, délégué CFDT, a repéré d'autres problèmes sur cette ligne qu'il connait très bien, comme celui des "tire-fonds", ces vis massives qui servent à tenir les rails. "On voit des tire-fonds qui remontent tout seuls parce qu'ils ne tiennent plus. On en voit qui sautent. Le matériel secoue énormément à certains passages, ce n'est pas une situation normale. C'est toute une infrastructure qui est usée."
Or, les travaux sur la ligne ne sont pas prévus avant fin 2014. Inquiets, les conducteurs trouvent eux-mêmes des solutions, comme ralentir en-dessous de la vitesse autorisée. Très fataliste, l'un d'eux a même confié à Europe 1 que, s'il devait y avoir un déraillement, celui-ci serait moins grave à 40 km/h plutôt qu'a 80 km/h…