L’INFO. La mairie de Paris voulait ouvrir une salle de shoot “expérimentale” dans le Xème arrondissement, mais il faudra encore attendre pour que cela arrive. Anne Hidalgo, la candidate socialiste aux prochaines municipales, a annoncé que le projet ne verrait pas le jour avant les élections. La cause : le Conseil d’Etat veut qu’une loi vienne encadrer ce type d’initiative.
• Ce qui était prévu
La mairie socialiste de Paris avait prévu dès d’ouvrir cet automne une salle de shoot près de la gare du Nord. Le gouvernement avait autorisé en février l'installation à titre expérimental de cette salle, sur un terrain mis à disposition par la SNCF. Un bâtiment d'environ 200m2 devait y être construit pour accueillir entre 100 à 150 personnes par jour. La salle, dont la gestion a été confiée à l'association Gaïa-Paris, devait ouvrir sept jours sur sept.
• Ceux qui s’y étaient opposés
Mais le projet, adopté en juillet par le Conseil de Paris, s'était heurté à une très vive opposition de la droite et de plusieurs associations. L'une d'elles, Parents contre la drogue, qui revendique 300 membres, avait déposé un recours devant le Conseil d'Etat début juillet.
• Ce qu’a dit le Conseil d’Etat
"Le Conseil d'État (...) a recommandé au gouvernement d'inscrire dans la loi le principe de ce dispositif pour plus de garantie juridique", a expliqué le ministère des Affaires sociales et de la Santé.
"La loi de 1970 pose le principe de la prohibition de l'usage illicite de stupéfiants. Pour aménager cette interdiction, il faut une loi", a précisé l'avocat de Parents contre la drogue, Me Guillaume Jeanson, dénonçant le fait que jusqu'à présent "toutes les autorités ont pris des mesures en violation avec la loi".
• Certains se félicitent, d’autres ont des regrets
"On est plus que contents", s’est félicité jeudi Serge Lebigot, le président de l’association Parents contre la drogue. "Le Conseil d'État confirme ce qu'on dit, que sans modification de la loi, il n'est pas question de faire de salle de shoot".
"Derrière la gare du Nord sont présents de très nombreux toxicomanes dont l'état sanitaire est déplorable, dont la prise de risques est importante, notamment en termes de transmissions d'hépatites", a décrit de son côté Rémy Féraud, le maire PS du Xème arrondissement, évoquant des "milliers de seringues abandonnées sur la voie publique". “J’espère que le gouvernement trouvera les moyens d’avancer”, a-t-il ajouté. "Je regrette que le gouvernement n'ait pas pris les mesures nécessaires à la sécurisation juridique pour la mise en place d'un dispositif attendu et nécessaire à la réduction des risques et à la santé publique", a renchéri Jean-Marie Le Guen, député de Paris, en pointe sur ce combat.
• Un thème de campagne
Le projet aura de toute façon une place dans la campagne du printemps prochain. Déjà du côté de l’équipe de campagne de Nathalie Kosciusko-Morizet, on se réjouit. “Le droit et la raison l’emportent”, a-t-on réagi dans l’entourage de la candidate UMP à la mairie de Paris.
Anne Hidalgo a de son côté réaffirmé "l'intérêt de ce type de lieu" pour "la santé publique". Il lui semble néanmoins compliqué que le lieu ouvre ses portes avant les élections municipales. "Le gouvernement va travailler avec les acteurs concernés par ce projet à la sécurisation juridique de ce dispositif", précise-t-on enfin au ministère de la Santé.