L'INFO. "En décidant d’un non-lieu, la justice vient de me déclarer innocent dans le dossier Bettencourt". Voici comment Nicolas Sarkozy a accueilli lundi, via sa page Facebook, la délivrance d'un non-lieu à son encontre dans le volet "abus de faiblesse" du plus grand feuilleton politico-judiciaire de ces dernières années. Toutefois, il apparaît que les juges ont pris cette décision faute de "charges suffisantes", tout en maintenant que l'ancien président a essayé d'obtenir de l'argent de Liliane Bettencourt par "un comportement abusif".
La bonne foi de l'ex-président mise en doute. Pour appuyer leur ordonnance de non-lieu, les juges bordelais Jean-Michel Gentil et Valérie Noël ont bâti une démonstration en quatre points. Celle-ci se conclut par la délivrance du non-lieu "comme à regret", souligne un proche du dossier.
• Trois éléments à charge :
– Premier point, Nicolas Sarkozy "avait connaissance de l'état de vulnérabilité particulièrement apparente de Mme Bettencourt", estiment-ils.
– Deuxièmement, "il s'est présenté au domicile d'André et Liliane Bettencourt deux fois" au début de l'année électorale 2007, et non une comme il l'a prétendu, soit les 10 et 24 février 2007.
– Troisièmement, "le rendez-vous du 24 février avait pour objet d'obtenir un soutien financier de Liliane Bettencourt".
• Un élément à décharge. Un quatrième point sauve l'ex-chef d'Etat : "il n'existe pas de charges suffisantes établissant un lien direct entre le comportement abusif de Nicolas Sarkozy et les actes préjudiciables consentis par Liliane Bettencourt de mise à disposition d'espèces". Ces mises à disposition ont pris la forme de rapatriements d'argent liquide des Bettencourt depuis la Suisse par leur homme de confiance Patrice de Maistre. Il y en a deux de 400.000 euros, le 5 février et le 26 avril 2007.
"Il n'est pas démontré, écrivent les juges, que ce soit la demande de Nicolas Sarkozy du 24 février 2007 (...) qui a conduit Liliane Bettencourt aux actes gravement préjudiciables auxquels elle a consenti de mise à disposition, notamment à celui de 400.000 euros du 26 avril 2007, puisque la responsabilité en incombe à Patrice de Maistre et que celui-ci avait déjà obtenu un premier acte de mise à disposition le 5 février 2007, avant la visite de Nicolas Sarkozy". En clair, les juges n'ont jamais eu la preuve que ces versements ont été initiés par l'homme politique. Les juges remarquent aussi qu'il "n'est pas établi que Patrice de Maistre ait entièrement redistribué" les espèces reçues le 26 avril 2007. Liliane Bettencourt avait manifesté ses doutes à ce sujet auprès de son ami et confident, l'artiste François-Marie Banier, lui aussi poursuivi dans l'affaire, comme Patrice de Maistre.
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