SeaWorld va-t-il refaire surface ? Le groupe qui gère onze parcs animaliers et d’attraction aux Etats-Unis vient d’enregistrer mercredi une baisse de 5% de son chiffre d’affaires sur les six premiers mois de l’année 2014. En 2013, pourtant, le groupe avait enregistré une hausse de 3% de son chiffre d’affaires, un record avec 1,46 milliard de dollars (près de 1,1 milliard d’euros) de rentrée d’argent. Pourquoi les parcs aquatiques, qui attiraient 23 millions de spectateurs en 2013, semblent-ils être tirés par le fond ?
Un puissant argumentaire. Le documentaire Blackfish, qui a relancé la polémique et l’activisme contre ces parcs animaliers, théâtres d’impressionnants spectacles d’orques et de dauphins, semble être une des causes de cette dégringolade. Diffusé sur la chaîne américaine CNN en octobre 2013, le film porte un regard très critique sur les conditions de vie des mammifères marins.
La réalisatrice Gabriela Cowperthwaite retrace la vie et la carrière de Tilikum, un orque mâle, responsable de la mort de trois personnes. Par les témoignages d’anciens dresseurs, mais aussi de biologistes, elle déroule un argumentaire contre la captivité de ces animaux, qui génère frustration et agressivité.
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Blackfish French subtitled Trailer - Bande-annonce sous-titrée en français from EyeSteelFilm on Vimeo.SeaWorld se défend. Depuis la diffusion du documentaire qui a touché 21 millions de téléspectateurs, Sea World tente de reprendre son souffle en multipliant petits films de promotion et des campagnes actives pour le bien-être de ses animaux. L’entreprise se défend activement contre les accusations de Blackfish, en ouvrant notamment une page "La vérité sur Blackfish" sur son site internet. Le credo de SeaWorld pour convaincre ses visiteurs : "Faites-vous votre propre opinion. Faites des recherches", sans pour autant vraiment se défendre des critiques que lui adresse le film.
SeaWorld a également développé une surveillance étroite des réseaux sociaux. Le groupe répond régulièrement aux commentaires négatifs des internautes. Pour préserver son image de marque, Jim Atchinson, président de l’entreprise, a annoncé vendredi la création d’un nouveau bassin : "Les orques vont avoir un habitat deux fois plus grand. C’est une taille remarquable, plus de 15 mètres de profondeur". "Les plans du projet 'Blue World' comprennent un courant rapide, qui permet aux orques de nager contre de l'eau en mouvement", continue SeaWorld.
The #BlueWorldProject plans include a “fast water current” that will allow the whales to swim against moving water. http://t.co/YWwHvneEKf— SeaWorld (@SeaWorld) 17 Août 2014
Mais cette campagne n’a pas suffit à endiguer les pertes de SeaWorld, qui a aussi dû faire face à la défection de sponsors. Comme le racontait le LA Times fin juillet, la compagnie aérienne Southwest Airlines, partenaire historique des parcs aquatiques, ne renouvelle pas son contrat. "Une décision mutuelle", annoncent les deux entreprises d’une seule voix. Peu de temps avant, une pétition a recueilli 30.000 signatures pour pousser la compagnie aérienne à ne plus associer son nom à SeaWorld.
L’entreprise américaine n’est pas la seule à être touchée par la méfiance grandissante du public pour les spectacles d’orques. Les activistes demandant la libération de Lolita, une orque femelle de Miami, sont repassés à l’attaque, avec notamment la publication d’une chanson techno Free Lolita.
Les orques en France. La polémique peut-elle alors traverser l’Atlantique ? Le film, diffusé il y a seulement quelques semaines en France, et n’a pas pour l’instant les mêmes répercussions qu’aux Etats-Unis. Pourtant, Arte peut s’enorgueillir d’avoir fait de bonnes audiences avec Blackfish. Un million de téléspectateurs étaient devant leur poste pour la première diffusion, sans compter les rediffusions et visionnages a posteriori.
Le ton, très élogieux envers Marineland, le seul parc du genre en France, semble avoir changé. Les orques d’Antibes semblaient indubitablement heureux, dans ce reportage diffusé il y a un an.
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Aujourd’hui, la même chaîne consacre un sujet reprenant les critiques du documentaire Blackfish.
Pour l’instant, Marineland affirme ne pas souffrir de problèmes financiers ou d’un déficit en termes d’images, affirme Le Monde. Mais l’entreprise reste très attentive.