La sécheressequi touche la France pourrait être "plus terrible encore" que celle de 1976, a déclaré mercredi le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire. Les conséquences pour les agriculteurs sont lourdes, avec de faibles récoltes, d'herbe et de foin. Les agriculteurs tentent de s’organiser.
La production de fourrage dégringole
Dans le département d’Indre-et-Loire, la production de fourrage (herbe et foin) a baissé de 40 % par rapport à l'an dernier. La situation est devenue très problématique pour les céréaliers directement concernés par ces récoltes mais aussi pour les éleveurs, dont les besoins en paille, en foin, en herbe sont énormes.Ces derniers ne peuvent déjà plus donner à manger à leurs animaux.
Dans son exploitation de Montreuil, en Touraine, Serge est obligé en ce moment de passer des coups de fil à ses voisins agriculteurs pour pouvoir nourrir chaque jour ses 65 vaches laitières. A chaque fois, ce sont des voisins "céréaliers" qui le fournissent en paille et en herbe pour lui permettre d'avoir un peu de stock. "J’ai récupéré sept hectares de jachères à un voisin. Ça lui évite de la broyer et moi ça va m’arranger", a-t-il expliqué sur Europe 1.
Des échanges se mettent en place
"C’est une organisation personnelle qui permet de tamponner quand il y a des coups durs. Soit ça se fait en échange avec des prix fixés soit avec des échanges de paille fumier, c’est de l’improvisation".
Pour l'instant, financièrement, Serge arrive à s'en sortir parce qu'il ne sort presque pas d'argent. Il fait du troc en échangeant son fumier contre de la paille. Et il répète qu'il a de la chance. " Pour l'instant, dit-il, je n'ai pas eu besoin de demander de l'argent aux départements d'à côté."Mais certains éleveurs sont obligés d'acheter de la paille à des céréaliers.
La FNSEA joue les intermédiaires
Au sein du premier syndicat agricole, une cellule de crise a été crée pour mettre en relation les céréaliers et les éleveurs. Dans les bureaux parisiens du syndicat, six personnes travaillent à temps plein sur la "sécheresse". Ferme par ferme, département par département, ils font remonter les besoins des éleveurs en paille.
Avec ces informations, ils ont dessiné une carte, sur laquelle on voit que 60 départements, les 3/4 de la France, sont colorés en orange, c'est à dire qu'ils sont en pénurie. A l'inverse une vingtaine apparaissent en jaune. Ce sont les départements "céréaliers" épargnés par la sécheresse, ceux qui peuvent fournir la paille.
Le temps presse
Entre départements, éleveurs et céréaliers négocient, mais il faut faire vite, avant que le blé ne soit récolté. "On est dans une course contre la montre à faire fonctionner notre réseau pour pouvoir contractualiser avant que les moissonneuses soient dans les champs", a expliqué au miro d’Europe 1 Daniel Prieur, Secrétaire général adjoint de la FNSEA.
Le prix de base sur lequel céréaliers et éleveurs sont tombés d'accord est de 25 euros la tonne. Mais les éleveurs devront payer le traitement puis le transport de la paille, ce qui va faire grimper la facture. Les éleveurs se retrouvent donc face à un choix. Payer la paille ou faire abattre une partie de leurs troupeaux.
Selon la FNSEA, le seuil fatidique est de 120 euros la tonne. Au dessus de cette somme, l'achat de la paille n'est plus viable pour beaucoup d'éleveurs.