Pour ce jour particulier, elle a revêtu le célèbre habit des Immortels, conçu pour elle par le couturier Karl Lagerfeld, et une épée somptueuse où elle a fait graver son numéro de déportée à Auschwitz-Birkenau. Simone Veil, personnalité féminine préférée des Français, a fait jeudi son entrée à l'Académie française où elle est devenue la sixième femme "immortelle" de l'Histoire.
"Ce qui vous a sauvé, c'est le courage"
Au cours d'un discours empli d'émotion, Simone Veil a évoqué sa mère, "disparue dans l'enfer de Bergen-Belsen, quelques jours avant la libération des camps, et son père qui "révérait la langue française". "Plus encore que je ne le suis, il serait ébloui que sa fille vienne occuper ici le fauteuil de Racine."
Dans sa réponse, l'académicien Jean d'Ormesson a évoqué avec talent l'itinéraire de cette femme d'exception, rescapée des camps de concentration : "ce qui vous a sauvé du désespoir, c'est le courage, l'intelligence, la force de caractère et d'âme. Et c'est l'amour : il succède à la haine". "Comme l'immense majorité des Français, nous vous aimons Madame", a conclu Jean d'Ormesson,
Cinq femmes sur 708 élus
Pas moins de trois présidents de la République ont assisté à la cérémonie sous les ors de la Coupole : Nicolas Sarkozy, venu finalement rendre hommage à Simone Veil après avoir annoncé mercredi qu'il ne se rendrait pas Quai Conti, Jacques Chirac, qui lui a remis mardi son épée, et Valéry Giscard d'Estaing, académicien depuis 2003. Etaient également présents son mari Antoine Veil et plusieurs de ses petits-enfants, ainsi que le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand.
Le nom de Simone Veil rejoint sous la coupole ceux de Marguerite Yourcenar, élue en 1980, Jacqueline de Romilly en 1988, Hélène Carrère d'Encausse en 1990, Florence Delay en 2000 et Assia Djebar en 2006. Soit cinq femmes sur 708 élus depuis la naissance de l'Académie française.
Simone Veil, déportée à l'âge de 16 ans avec sa famille à Auschwitz-Birkenau, a été ministre de la Santé de 1974 à 1979. C'est elle qui a fait adopter en janvier 1975, le texte légalisant l'avortement en France. La nouvelle académicienne était ensuite devenue la première présidente du Parlement européen, un poste qu'elle occupa de 1979 à 1982. Redevenue ministre, gérant le portefeuille des Affaires sociales, de la santé et de la ville entre 1993 et 1995, Simone Veil a aussi siégé de 1998 à 2007 au Conseil constitutionnel.
- Qu'incarne Simone Veil pour vous ?