Soins dentaires : des "dérives inacceptables" passées au crible

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et Anne Le Gall , modifié à
ÉTUDE - Trop peu remboursés par la Sécu, les soins dentaires deviennent "un luxe", dénonce un collectif d'associations.

L’étude. "Accéder à ces soins dentaires devient un luxe", dénonce lundi un collectif d'associations réunies au sein de l'Observatoire citoyen des restes à charge en santé. Se faire détartrer, poser une couronne ou encore avoir recours à l'orthodontie sont des soins encore loin d'être accessibles à tous, tant les montants remboursés par la Sécurité sociale sont loin de couvrir toutes les dépenses en la matière. Dans une étude à paraître dans le magazine 60 Millions de consommateurs, le collectif dénonce des "restes à charge élevés pour la majorité des soins, et cela y compris après l’intervention des complémentaires Santé".

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Six milliards. C'est le montant non remboursé par la Sécu, en euros, que les Français ont dépensé en soin dentaire pour l'année 2012. Au niveau de chaque usager, cela se traduit par exemple par un coût non remboursé "ni par l’Assurance maladie obligatoire, ni par la complémentaire qu’on peut estimer à 240 euros pour une couronne", pour un prix moyen estimé à près de 550 euros, détaille l'étude.

Pour une prothèse unimaxillaire, le "reste à charge des patients" s'élève même à près de 700 euros, remboursement des mutuelles compris. Et "en matière d’orthodontie, le coût est en moyenne d’environ 650 euros le semestre de traitement actif, remboursé moins de 200 euros par l’Assurance maladie". Le tout avec des disparités régionales criantes, allant parfois du simple au double entre Paris et la province.

Des "dérives inacceptables". Ces chiffres "révèlent aussi quelques surprises en constatant des dépassements d’honoraires sur des soins dont les tarifs sont opposables" et ne devraient donc  pas faire l’objet de dépassements, sauf dérogation, déplore également l'étude, qui parle, pour certains cas, de "fraudes" et de "dérives inacceptables". Ainsi, pour une extraction de dent de sagesse à Paris par exemple, les dentistes pratiquent des prix en moyenne 86% plus élevés que ceux fixés par la Convention dentaire de 2006.

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Des choix trop coûteux. L'étude déplore également des pratiques professionnelles "plus onéreuses qui se généralisent alors qu’existent des alternatives moins coûteuses". Ainsi, les auteurs citent deux méthodes différentes de pose de couronne. La première, dite "reconstitution sous couronne au fauteuil", réalisée par le dentiste dans son cabinet, coûte 79 euros et elle est remboursée à 70% par la Sécu. Le patient ne doit donc pas payer plus de  24 euros. La seconde consiste à faire fabriquer une couronne par un prothésiste et le dentiste peut fixer son coût librement. Elle coûte de 150 à 300 euros en moyenne selon les départements. Et elle n'est remboursée qu'à 70% du tarif fixé par l'Assurance maladie, soit 122,55 euros.

"Or, cette différence de coût avait conduit l’Assurance maladie et les syndicats des chirurgiens dentistes à s’engager sur des objectifs visant à privilégier le procédé le moins cher. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces engagements n’ont pas été respectés et que la situation s’est encore aggravée", constate l'étude.