Cette femme possède un homonyme qui est née le même jour, la même année… dans la même ville.
C’est l’histoire d’une femme qui voit sa vie en double. A 25 ans, Evelyne* se rend compte qu’elle est née exactement le même jour (de la même année) qu’une autre femme qui possède exactement… le même nom. Cet homonyme va rapidement lui gâcher la vie et lui rendre impossible certaines formalités administratives.
Le jour où elle l'a découvert. C’est la Banque de France qui a alerté Evelyne, et pas vraiment de la manière la plus sympathique. "Le jour où mon futur époux et moi allions ouvrir un compte commun, le directeur d’agence a convoqué mon mari pour lui demander s’il me connaissait bien, puisque j’avais une interdiction bancaire". Elle s’est donc rendue à la Banque de France pour mieux comprendre le problème. "Une personne m’a reçue, à qui j’ai expliqué que je venais pour un interdit bancaire qui, a priori, ne me concernait pas. ‘C’est toujours ce qu’on dit’, m’a-t-elle répondu non sans mépris". Au bout de 45 minutes, la banque comprend la situation et lui explique qu’elle a en fait un homonyme.
"Seul un chiffre nous différencie". "Mon père m’a déclaré quelques heures avant elle", raconte Evelyne, mardi matin sur Europe 1. "Donc nous avons simplement le 13e chiffre de la Sécurité sociale qui nous sépare. C’est la seule chose qui nous différencie". "C’est mon double en fait", ironise-t-elle.
Une erreur à la naissance. "Comment l’officier d’État civil a-t-il pu commettre une telle négligence ?", se demande-t-elle dans les colonnes du Plus de l’Obs. "Comment a-t-il pu laisser l’autre père donner le même prénom que moi à ce bébé ? Pourquoi ne pas avoir mis son deuxième prénom en premier, quitte à ne jamais l’appeler comme ça ?" Et pour essayer de se différencier, Evelyne trouve rapidement une solution. "J’ai fait écrire ‘attention homonyme’ au crayon à papier devant nos deux identités dans les registres de l'Etat civil".
Des problèmes récurrents. "Je ne la connais pas mais dès que je fais une démarche administrative, si j’oublie de préciser ‘attention, c’est bien moi qui n’ai qu’un prénom et tel et tel parent’, je reçois son acte de naissance". Evelyne a ainsi mis 11 mois pour obtenir sa carte d’identité. Excédée, elle a failli écrire au ministre de l’Intérieur pour lui raconter son problème. D’autres cas de figure assez insolites se sont déroulés depuis. En achetant un bien immobilier, le notaire lisait les actes et elle s’est rendue compte qu’il s’agissait en fait de son homonyme…
Le mariage n’y a rien changé. "Quand j’ai su que j’avais cette homonyme parfaite et que j’allais me marier, je me suis réjouie, pensant régler tous mes problèmes avec nom marital", raconte-t-elle. "En fait pas du tout, car le nom de naissance prime en France. Mon nom de naissance me colle à la peau".
Sa pire hantise, que son double meure. Toutes ces formalités administratives sont un calvaire pour cette jeune femme. Mais le pire est peut-être à venir. "Ma principale crainte maintenant, c’est qu’elle meure avant moi et que l’administration fasse une erreur à ce moment-là", raconte-t-elle. "S’ils me déclaraient morte, je ne sais pas comment je pourrais prouver que je suis vivante. C’est absurde".
* Pour des raisons évidentes d'anonymat, elle a emprunté ce prénom pour ce témoignage