La thèse de l'empoisonnement s'éloigne. Les experts mandatés par la justice française pour enquêter sur la mort de Yasser Arafat, décédé en 2004 près de Paris, écartent la thèse d'un empoisonnement du leader palestinien. "Ce rapport écarte la thèse de l'empoisonnement et va dans le sens d'une mort naturelle", selon une source proche du dossier, confirmant une information de France Inter.
Le parquet constate "l'absence d'intoxication". Dans un communiqué publié mardi soir, le parquet de Nanterre confirme que les expertises concluent "à l'absence d’empoisonnement". "L'examen n'apporte aucun argument en faveur d'une intoxication au polonium 210. Les résultats des analyses toxicologiques permettent d'éliminer une cause toxique à l'origine du décès", détaille le parquet, qui s'est vu remettre mardi le rapport des experts français.
Une enquête ouverte en 2012. En juillet 2012, la veuve de Yasser Arafat a déposé une plainte pour assassinat. Selon elle, l'ancien chef de l'Autorité palestinienne a été empoisonné au polonium, hypothèse relancée par la diffusion en juillet d'un documentaire révélant des traces de cette substance radioactive sur des effets personnels d'Arafat. Pour le vérifier, une enquête a été ouverte en août de la même année par le parquet de Nanterre.
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Trois équipes d'enquêteurs autonomes. Les juges d'instruction diligentés dans ce dossier avaient alors ordonné l'exhumation de la dépouille du dirigeant, ce qui fut fait en novembre 2012. Une soixantaine d'échantillons avaient été répartis pour analyse entre trois équipes d'enquêteurs, suisses, français et russes, chacune effectuant son travail individuellement, sans contact avec les autres. Les trois groupes d'experts semblent parvenir aujourd'hui à des conclusions divergentes.
Des résultats différents. A l'inverse des Français, les Suisses ont indiqué début novembre qu'ils privilégiaient la thèse de l'empoisonnement après avoir mesuré des quantités de polonium-210 jusqu'à 20 fois supérieures à ce qu'ils ont l'habitude de mesurer. Ils n'ont toutefois pas affirmé catégoriquement que cette substance était la cause du décès. L'expertise russe est plus prudente, concluant à l'impossibilité de déterminer si le polonium est la cause de la mort.
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La France privilégie l'hypothèse d'une mort naturelle. Après la remise du rapport des experts français au juge mardi, la piste de l'empoisonnement s'éloigne. Les experts concluent en effet que Yasser Arafat est mort de vieillesse à la suite d'une infection généralisée, rapporte France Inter. "Ceci n'est pas une surprise", a réagi le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Yigal Palmor. Il faut dire que ce rapport va dans le sens de la position des autorités israéliennes. Israël a en effet toujours rejeté toute implication dans la mort d'Arafat.
Vers une commission d'enquête internationale ? "Israël est le premier, le principal et unique suspect", affirmait pourtant le président de la commission d'enquête officielle palestinienne sur la mort d'Arafat, Tawfiq Tiraoui. Le neveu du défunt dirigeant palestinien Yasser Arafat et un responsable palestinien proche du dossier ont donc logiquement exprimé mardi leur scepticisme sur le rapport français excluant la thèse de l'empoisonnement. Un responsable palestinien proche du dossier s'est également interrogé sous le couvert de l'anonymat: "S'ils disent dans ce rapport qu'Arafat est mort de causes naturelles, pourquoi ne l'ont-ils pas dit dès 2004 ?". Après la divulgation des deux premiers rapports, le président palestinien, Mahmoud Abbas, avait d'ailleurs demandé la formation d'une commission d'enquête internationale, dans une déclaration sur le meurtre du président Arafat".
La veuve d'Arafat "déçue". Pour sa part, Souha Arafat s'est dite mardi "déçue" par les contradictions entre experts suisses et français sur les causes de la mort de son mari. "Chacun a sa version. Pour moi et ma fille, on veut une fermeture du dossier. On veut savoir la vérité pour fermer la blessure dans notre coeur", a-t-elle affirmé au micro d'Europe 1. "Moi ma conviction est qu'il y a quelque chose de louche. Quand vous voyez le rapport médical, il était comme un bébé, il n'avait rien du tout", a assuré Souha Arafat. La veuve réclame une confrontation entre les experts français et les experts suisses.
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