Soyez incollable sur le nuage

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Vols annulés, remboursement de billets, impacts sur la santé, Europe1.fr fait le tour de la question.

Est-ce la première fois qu’un tel phénomène se produit ? Oui, c’est la première fois qu’une éruption volcanique paralyse ainsi le trafic aérien. Mais d’autres éruptions importantes ont eu lieu durant les dernières décennies et certaines ont provoqué des incidents sur des vols. En 1982, un avion de British Airways a perdu la puissance de l'ensemble de ses réacteurs en traversant un nuage de cendres au-dessus de l'Indonésie. L’avion a perdu plusieurs milliers de pieds avant que le pilote ne reprenne le contrôle. Autre incident recensé, celui d’un Boeing 747, en décembre 1989, de la compagnie néerlandaise KLM. L’appareil a traversé le nuage de cendres provoqué par l'éruption du Mont Redoubt, en Alaska. Les moteurs de l’avion ont été étouffés, mais le pilote a réussi à les redémarrer.

La menace des cendres

Quand le nuage va-t-il disparaître ? C’est toute la question. Les scientifiques ne peuvent pas prévoir l’arrêt de l’éruption. Selon le vulcanologue Jean-Marie Bardintzeff, " un second nuage pourrait se produire ". Dimanche, Einar Kjartansson, géophysicien à l'Office météorologique a confié que "nous assistions à des signaux mitigés. Certains donnent à entendre que l'éruption est en train de diminuer, d'autres pas ". Une chose est sûre, une éruption peut durer longtemps. Celle du volcan Pinatubo en juin 1991 dura jusqu’au mois de septembre de la même année.

>> L'évolution du nuage en images, ici

Pour quoi les avions sont-ils cloués au sol ? L’éruption volcanique projette des cendres à plusieurs kilomètres de hauteur dans le ciel. Des cendres qui menacent directement la sécurité des avions. Elles posent, tout d’abord, un problème de visibilité pour les pilotes puisqu’elles peuvent se déposer sur le cockpit. Ensuite, ces cendres peuvent s’accumuler dans les réacteurs et aller jusqu’à détruire les moteurs de l’appareil. Par ailleurs, faire voler les avions à basse altitude afin d’éviter le nuage n’est pas envisageable car trop coûteux. En dessous de 9.000 mètres d’altitude un appareil consomme énormément de kérosène.

Quid des vols ?

Quel est l’état du trafic ? Une majeure partie des aéroports européens sont touchés par le nuage qui, poussé par les vents, a envahi les espaces aériens de plusieurs pays. Depuis cinq jours, les aéroports situés au nord d'une ligne Nice-Bordeaux sont fermés au moins jusqu'à mardi matin. Par contre, les aéroports du sud de cette ligne fonctionnent.

>> Pour connaître l’état du trafic en France en temps réel, cliquez ici.

>> Pour connaître l’état du trafic en Europe en temps réel, cliquez ici.

Quand les vols vont-ils reprendre ? Les autorités, comme les spécialistes, ne savent pas quand les vols pourront prendre. Des vols tests ont été effectués par plusieurs compagnies afin de mesurer les risques. Un premier vol entre Paris et Toulouse, effectué par la compagnie Air France sans passager, n'a permis de détecter "aucune anomalie", a annoncé la compagnie aérienne dans un communiqué. D’autres compagnies comme KLM et Lufthansa ont également fait voler des appareils vides. Les avions ont ensuite été analysés et n’ont présentés aucun dommage.

Polémique et argent

Le principe de précaution va-t-il trop loin ? C’est le sujet qui fait polémique lundi. Le principal syndicat de pilotes d'Air France, le SNPL, a réclamé dimanche des "éléments tangibles et concrets" pour déterminer si le nuage de cendres qui paralyse le trafic aérien en Europe pose bien un problème pour la sécurité des vols. "On en fait jamais assez en matière de sécurité", a renchéri le secrétaire d'État chargé du Commerce et du Tourisme Hervé Novelli, lundi matin sur Europe 1.

Les voyageurs peuvent-ils se faire rembourser ?Pour les voyageurs ayant acheté un vol sec ou un séjour, les compagnies aériennes et agences de voyages sont dans l’obligation de rembourser leurs clients. Elles peuvent proposer aux voyageurs de reporter leur séjour, mais ces derniers ne sont pas tenus d’accepter. Pour les personnes bloquées à l’étranger, les voyagistes ne sont pas dans l’obligation de payer les frais de séjour supplémentaires.

>> Le point sur vos droits en détails, ici.

Combien coûtent ces perturbations ? La facture va être salée pour le secteur des transports et du tourisme. Selon l’association internationale du transport aérien, le coût des perturbations liées au nuage de cendres s’élève à 148 millions d'euros par jour, pour les compagnies aériennes.

Santé et environnement

Ce nuage est-il dangereux pour la santé ? Les mini-particules qui circulent dans l’air ne représentent pas de danger pour la santé car elles sont très diluées. Par contre, en Islande, les habitants qui vivent à proximité du volcan ont été appelés à prendre des précautions, notamment porter des masques pour éviter d'inhaler des cendres et des poussières volcaniques.

Y-a-t-il un impact sur l’environnement ? Il n’y a pas de conséquences négatives pour l’environnement, puisqu’aucune pluie de cendres n’a eu lieu. L’éruption ne devrait donc pas affecter les cultures. Par contre, comme après chaque éruption volcanique, une baisse des températures est à prévoir. Les particules envoyées dans l’air vont former un écran protecteur des rayons du soleil et donc faire baisser la température sur l’ensemble de la planète. En 1991, lors de l’éruption du Pinatubo, une baisse de 0.5 degrés avait été enregistrée dans l’hémisphère nord, pendant trois ans environ.