LE PHÉNOMÈNE. Spotted, pour "repéré" en français. Le phénomène a fait fureur dans les universités du monde entier avant de débarquer, il y a quelques mois, dans les lycées français. Il s'agit en fait d'une page Facebook créée par les élèves au nom de leur établissement. Les lycéens peuvent y déclarer leur flamme anonymement et les pages les plus courus flirtent déjà avec les 2.000 "likes". "A toi que je vois tous les jours/ j'aimerais te déclarer mon amour/ à chaque fois que je t'aperçois dans la cour", peut-on lire sur la page d'un lycée de Montpellier.
Aux messages les plus fleurs bleues succèdent également les plus potaches.
Et parfois, malheureusement, de véritables dérapages. Dernièrement à Marseille, une élève de 16 ans a ainsi été harcelée par ses camarades sur la page de son établissement.
Une page interdite dans un lycée chic de Marseille. A Marseille, en février dernier, le directeur du lycée privée catholique Lacordaire, Pierre-Jean Collomb, est tombé sur un poème anonyme insultant et raillant une adolescente de seize ans sur son physique. Les élèves ont ensuite multiplié les commentaires pour tenter d'identifier la cible de la moquerie. "Cela a été dur pour elle car elle a posé des actes de prendre des médicaments. Je ne pouvais pas laisser ça car il y avait des adolescents potentiellement en danger", explique-t-il au micro d'Europe 1.
Le directeur a alors effectué des captures d'écran, réuni les délégués de classe et alerté les parents. Menaçant de porter plainte, le chef d'établissement demande alors la fermeture de cette page aux élèves. Une mesure que lycéens jugent toutefois excessive. "C'est le seul cas où cela a débordé mais sinon tout était au second degré et rien n'était vraiment sérieux", explique l'un deux au micro d'Europe1.
>> La page a finalement été fermée. Depuis quelques semaines, le rectorat de Marseille mobilise désormais une équipe d'une vingtaine d'agents, des psychologues et des policiers, chargés de traqués les pages spotted et leurs auteurs pour leur rappeler la loi.
Un message porno pour une prof dans l'Aude… Toujours en février dernier, un élève de terminale du lycée Jacques Ruffié de Limoux, dans l'Aude, avait quant à lui choisi de déclarer sa flamme à une des ses professeurs.... dans un texte à caractère sexuel et pornographique, révélait alors Midi-Libre. Cette déclaration, dans des termes décrits comme "salissants, dégradants et humiliants", prend une toute autre tournure quand l'enseignante visée prend connaissance de ce message sur la page spotted du lycée. Choquée, la prof se met en arrêt maladie et porte plainte contre le lycéen. Le proviseur se retourne pour sa part contre les créateurs de la page. A l'issue d'un conseil de discipline, l'auteur du message écope de 15 jours d'exclusion. Une sanction qui provoque la colère des autres professeurs du lycée. Ces derniers iront jusqu'à débrayer pendant une vingtaine de minutes.
L'affaire semble avoir servi de leçon aux créateurs de la page d'un lycée d'un département voisin. Sur le "Spotted : Lycée des métiers le Garros" de Auch, dans le Gers, on peut y lire des messages d'autocensures tels que : "Spotted#5 supprimé à cause de dérapage ! Veuillez rester corrects dans vos commentaires et respectez-vous les uns et les autres !"
>> Aujourd'hui, la page "Spotted lycée Jacques Ruffié", n'est plus visible sur Facebook. Le lycéen, qui a reconnu et compris qu'il avait commis une faute, a finalement été muté dans un autre établissement. La professeur était quant à elle toujours en arrêt maladie à la mi-mars, selon Midi-Libre. Sa plainte visant l'élève était toujours en cours.
Facebook, twitter : même tarif. Ces dérapages 2.0 en milieux scolaires ne se cantonnent pas aux pages "spotted". Et un établissement prestigieux comme le lycée Lakanal, à Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, réputé pour ses classes prépas, n'est pas à l'abri de tels actes. Fin janvier, deux élèves de seconde en on été exclus définitivement, et trois autres temporairement. Ils avaient créé de faux profils insultants à l'effigie de certains proffesseurs. En plus de leur exclusion, les lycéens font l'objet d'une plainte pour "injure publique envers un fonctionnaire" et "atteinte à la dignité". Enfin, la semaine dernière, deux lycéennes de terminale d'un lycée des Yvelines ont, elles aussi, été exclues définitivement après avoir insulté leur professeur de français sur Twitter.
Pour finir, voici une affaire qui pourrait faire réfléchir certains jeunes utilisateurs des réseaux sociaux trop passionnés. Condamnée par la justice à la suite de menaces proférée en ligne, une canadienne de douze ans vient d'être interdite de Facebook pendant un an.