C'est le quatrième suicide d'un salarié de la Poste sur son lieu de travail, en un peu plus d'un an. Francis, 55 ans, s'est pendu mercredi à l'heure de sa pause déjeuner dans son bureau de la Poste de la Fère, dans l'Aisne. Juste avant de mettre fin à ses jours, il avait envoyé un mail à deux cadres de l'entreprise et à une de ses collègues. Un courriel au titre clair, "adieu", dont Europe 1 s'est procuré une copie.
>> DOC E1 - "J'ai attendu un vrai message d'espoir"
>> Mise à jour, 12h36 : dans un communiqué, la direction de La Poste dit vouloir "respecter le temps du deuil" et s'en "remettre aux conclusions de l'enquête".
La menace d'une sanction disciplinaire
Selon les informations d'Europe 1, Francis était en conflit avec l'un de ses supérieurs. On lui reprochait notamment de ne pas être assez productif, trop lent et trop pointilleux. Il y a quelques semaines, ces remarques se sont transformées en procédure disciplinaire. Et Francis a été menacé d'une sanction : devenir un "agent volant", un postier travaillant exclusivement sur des remplacements dans les différents bureaux du département.
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Mal-être et "hiérarchie aveugle"
"Il a laissé un mail qui est révélateur d'un mal-être profond et qui met directement en cause la direction de la Poste", a commenté au micro d'Europe 1, Régis Blanchot, membre SUD-PTT du conseil d'administration de La Poste. Un mal-être évoqué dès les premières lignes de cette lettre posthume : "j'ai attendu jusqu'au dernier moment un vrai message d'espoir, un peu de reconnaissance du travail que j'ai effectué, rien, rien du tout".
Le postier critique également, selon ses propres termes, "une hiérarchie aveugle" qui n'apporte "pas de bouée pour celui qui se noie" et au contraire donne "juste quelques coups de bâton pour l'éloigner davantage du bord".
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"Soutien postier" en question
Francis cite ensuite "Soutien postier", la cellule d'écoute mise en place par la Poste afin de venir en aide aux salariés. "Il estime que cette cellule prévue pour recevoir les appels des postiers en difficultés est inefficace", a commenté Régis Blanchot.
Dénonçant "une façade", Francis écrit qu'il n'avait pas besoin "d'un rendez vous avec une assistante sociale ou un docteur" mais "juste" que l'on s'intéresse à son travail et à "tout" ce qu'il avait "mis en place" dans le bureau de la Fère, ou bien qu'on lui dise "en face que ce n'était que de la merde".