“Un enjeu de sécurité nationale”. Au lendemain des révélations sur le survol de sept centrales nucléaires par des drones, Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace, s'est attardé jeudi matin sur la portée symbolique de l'action.
Tout en niant l'implication de Greenpeace, il a expliqué sur Europe 1 pourquoi ces survols posaient des questions de sécurité publique.
Savez-vous qui a mené cette opération ?
C’est une vraie question, un vrai problème. EDF admet aujourd’hui le survol de sept centrales nucléaires. Mais d’après nos sources, nous savons que d’autre sites ont été survolés. Pas seulement EDF, mais aussi Areva et le CEA (commissariat à l’énergie atomique).
Cela n’a pas commencé le 5 octobre, comme le dit EDF, mais dès le 14 septembre. Le dernier survol a été identifié lundi dernier.
Cela veut-il dire que les centrales sont vulnérables, à la merci d’une attaque terroriste ?
Il existe un espace aérien autour des centrales nucléaires, qui théoriquement, est interdit de survol. Mais nous avons déjà démontré qu’il était possible d’y entrer : il n’est donc pas impénétrable.
Dans ce cas précis, nous faisons face à une série de survols, qui plus est dans une période d’alerte par rapport au terrorisme. Mais malgré cela, on s’aperçoit que personne n’arrive à faire face. C’est une opération de grande ampleur, très coordonnée : le 19 octobre, quatre sites ont été survolés.
Quelles conséquences auraient l'introduction d'un drone dans une centrale nucléaire ?
Sur l’enceinte d’un réacteur, rien. Mais il y a, à côté des enceintes, des piscines d’entreposage de combustible irradié, dont certaines contiennent trois volumes de réacteurs nucléaires, qui ne sont absolument pas “bunkerisées”. Et si un drone, chargé en TNT, venait à percuter ces piscines… On est face à un enjeu de sécurité extrêmement important.
Mais ce risque existe-t-il ?
La démonstration est faite qu’on peut tourner autour d’une centrale, repartir, et recommencer le lendemain à différents endroits en France. Rien n’a permis d'identifier et d'arrêter les auteurs.
Les forces aériennes interviennent très régulièrement, car les pilotes d'aéronefs se perdent, ou ne font pas attention, et pénètrent dans cet espace interdit de 5 kilomètres autour, et 1.000 mètres au-dessus des sites. Mais l’armée de l’air intervient généralement quand les pilotes arrivent dans les aéroports, après coup. C’est-à-dire que les temps de réaction sont de toute façon au-delà du temps qui aurait permis à ces aéronefs de percuter les sites.
Aujourd’hui, aucune centrale ne résiste de toute façon à la chute d’un avion. Elle n’ont pas été conçues pour ça. Leurs conceptions ont été pensées avant les attentats du 11-Septembre.
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