Ils sont hommes politiques, Prix Nobel, intellectuels. Près de cinquante personnalités de 27 nationalités différentes ont appelé les membres du Conseil de sécurité des Nations unies à s'unir pour retirer au président syrien son "permis de tuer", dans une lettre ouverte publiée lundi dans Le Figaroet le Financial Times.
L'ancien ministre de la Justice, Robert Badinter, symbole de la lutte contre la peine de mort en France, est l'un des signataires du texte. Aux côtés du prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi ou de l'ancien président sud-africain Frederik de Klerk, il dénonce la passivité des Nations Unis face aux crimes contre l'humanité perpétrés depuis un an par le régime de Bachar al-Assad.
"Depuis un an, ce qui se passe en Syrie, c’est tout simplement la commission sous nos yeux de crimes contre l’humanité", déplore Robert Badinter sur Europe 1. "Le président de l’Assemblée générale des Nations unies s’est exprimé solennellement en demandant l’arrêt des massacres. Rien n’y fait. Les deux puissances, grandes puissances, la Russie et la Chine, qui au nom du respect de la souveraineté, interdisent l’action internationale salvatrice, s’opposent à l’action nécessaire", regrette l'ancien garde des Sceaux.
"C’est tout simplement la commission sous nos yeux de crimes contre l’humanité" :
"Un permis de tuer à al-Assad"
"Je rappelle dans la charte des Nations Unies, la responsabilité de protéger ceux qui sont massacrés, ceux qui ne sont pas soignés alors qu’ils sont blessés, les populations civiles qui sont sous les bombes", insiste-t-il.
"Quand la Russie et la Chine s’opposent, c’est tout simplement un permis de tuer à al-Assad", martèle-t-il.
"Il faut que cela cesse. Au moins, qu’une protestation immense s’élève de toutes parts. Quand des millions de voix s’élèvent à travers le monde et dénoncent des crimes contre l’humanité, les auteurs de ces crimes pensent à eux-mêmes et à leur avenir", conclut Robert Badinter.
Depuis le début de la répression, en mars 2011, 8.500 personnes ont été tuées selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.