Ce procès, cela fait sept ans qu'elle l'attendait. En 1999, alors qu'elle est âgée de 16 ans, Nina a été violée à de multiples reprises par des adolescents de son quartier de Fontenay-sous-Bois. Quinze de ses agresseurs présumés sont jugés à partir de mardi par la cour d'assises des mineurs du Val-de-Marne jusqu'au 12 octobre, pour des viols dont elle a été victime ainsi qu'une autre jeune fille, et ce jusqu'en 2001.
Au micro d'Europe 1, elle a accepté de revenir, à visage découvert, sur son long calvaire. Elle témoigne de son cheminement depuis sa plainte tardive en 2005 jusqu'au procès et au jugement qu'elle attend.
"Ça a duré près de 6 mois"
Nina a été violée une première fois par un garçon à peine plus âgé qu'elle, au dernier étage d'une tour de la cité de la Redoute à Fontenay-sous-Bois. Les autres membres de la bande la violentent en la menaçant et en la moquant. De longs mois de calvaire ont suivi : "ça a duré à peu près six mois", se souvient la jeune fille. "Ils me frappaient et ils me violaient. Ils m'attendaient souvent en bas de chez moi. S'ils me croisaient par la suite dans la rue, ils m'attrapaient et ça recommençait".
"J'étais un bout de viande pour eux", témoigne Nina :
"J'avais peur qu'on ne me croie pas"
A la torture physique, s'ajoute l'emprise psychologique. Ses tortionnaires la menacent et lui conseillent fortement de ne pas "balancer". "Ils m'avaient dit que si je parlais, ils s'en prendraient à ma mère et à mon frère. C'est vrai que j'avais envie d'en parler mais j'avais peur qu'on ne me croie pas", confie la jeune fille à Europe 1. Alors, Nina garde son traumatisme pour elle. Du moins jusqu'en 2005, lorsqu'un des violeurs la tabasse à cause d'un regard de travers, six ans après les faits. Elle s'ouvre alors à la police et dévoile l'affaire.
>>> A lire aussi : 13 ans après, jugés pour des tournantes
"Ça fait 7 ans que j'attends le jugement"
Nina a donc déposé plainte en 2005. "Cela fait sept ans que j'attends le jugement. Depuis que j'en connais la date, beaucoup de choses ont évolué". Elle peut désormais se rendre à Paris en transports, sans "problèmes". "Je vais même dans le centre commercial près de chez moi", assure Nina, non sans satisfaction.
Encore aujourd'hui, il lui arrive de croiser "des mecs de l'affaire". Mais elle assure ne plus avoir peur : "certains baissent les yeux, d'autres me lancent des regards noirs, mais moi je les regarde dans les yeux et j'attends qu'ils les baissent". Et elle le clame avec force, "ce n'est pas moi qui baisserait les yeux après ce qu'ils m'ont fait". La jeune fille n'aurait jamais pensé être capable de cela avant.
"C'est eux qui ont la belle vie"
Mineurs à l'époque des faits, certains de ses agresseurs présumés ont depuis construit une vie structurée. "C'est des soi-disant bons pères de familles, ils ont des enfants, ils sont mariés, ils travaillent". Et c'est ce qu'elle assure "vivre le plus mal" : "moi je n'ai pas de vie. Je ne peux pas travailler, je suis invalide à 80%. C'est eux qui m'ont violée et c'est eux qui ont la belle vie. Ça me dégoûte".