"La violence conjugale naît d'un enchaînement infernal, comme un cyclone qui emporte tout sur son passage". Frédéric Matwies, 44 ans, vient de publier Il y avait un monstre en moi, un livre dans lequel il raconte des années de coups, d'insultes envers Sabrina, sa femme et la mère de ses deux filles. Il a ainsi frappé sa compagne pendant dix ans, jusqu'au "coup de trop" qui aurait pu la tuer, le "déclic" pour son repentir et sa guérison. A l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes vendredi, Frédéric Matwies revient pour Europe 1 sur cette spirale de violence dont il dit être sorti.
Une escalade dans la violence
Aujourd'hui encore, Frédéric Matwies a du mal à expliquer cette violence qui n'a cessé pendant dix ans. Il y a d'abord eu les insultes, les gifles puis les coups de poings, les coups de pieds. Frédéric Matwies a même brûlé sa femme avec sa cigarette.
"Le processus de violence était enclenché" :
Au micro d'Europe 1, il se souvient du premier coup qu'il a porté. "C'était environ au bout de trois mois, pour une broutille, pour un sentiment de jalousie", raconte ce dessinateur industriel. "Bien souvent, je me suis emporté verbalement et puis là ça s'est traduit par une gifle. A ce moment-là, le processus de la violence dans notre couple était enclenché et ça faisait partie de notre mode de vie, de notre mode de communication, fréquemment pendant des années", confie Frédéric Matwies.
Deux ans de thérapie
Et puis, il y a ce vendredi de janvier 2003 et ce coup de couteau où tout a basculé. "Après une énième dispute qui tombait très mal, j'ai saisi un couteau sur la table de la salle à manger. J'ai eu une envie de la planter, de la tuer. Et puis par chance, ça s'est fini par une blessure au niveau du coude", se rappelle Frédéric Matwies. "C'est là que Sabrina va porter plainte, me dénoncer et à partir de là, la violence s'est arrêtée", explique-t-il.
Ce coup de couteau lui a valu une condamnation à trois mois de prison avec sursis et surtout l'obligation de se soigner. Pendant deux ans, Frédéric Matwies a suivi chaque semaine une thérapie, dans un groupe de parole créé par le psychiatre Roland Coutanceau. Aujourd'hui, il se dit guéri et n'a plus levé la main sur personne depuis la nuit du coup de couteau.
"Je suis aujourd'hui un homme sauvé", dit-il dans son livre, assurant par ailleurs que ses filles "sont conscientes de (son) évolution, de (ses) changements et ne peuvent être qu'apaisées". Il voudrait désormais "réparer Sabrina", abîmée par ces années de violence. "Aujourd'hui, on se voit le dimanche avec les filles, on arrive à discuter, même à plaisanter", affirme-t-il. "Je lui souhaite tout le bonheur possible".