En période de crise, le livre n’est pas considéré comme un bien de première nécessité. Jeudi, les députés de la majorité vont rétablir la TVA sur le livre de 5,5% à 7%. Cette mesure fait partie du second plan de rigueur présenté par le Premier ministre, François Fillon. Au départ, cette hausse devait s’appliquer à partir du 1er janvier mais les protestations de la profession ont fait repousser la hausse au 1er avril 2012.
"30 centimes par exemplaire"
Pour faire face à cette augmentation, les professionnels inquiets doivent s’organiser. A commencer par le ré-étiquetage des livres. Les éditeurs estiment qu’il y a aujourd’hui environ cent millions d’ouvrages en France chez leurs détaillants, ce qui implique d’importants surcoûts dans un secteur déjà fragilisé. Dans son édition de jeudi, le journal Le Monde a interrogé des éditeurs qui évaluent la facture "à 30 centimes par exemplaire" pour l’un d’eux. Près de 32.000 euro soit "cinq ans de bénéfices" pour l’autre.
Le choix de décaler cette hausse de la TVA a été également dicté afin d’éviter un phénomène de déstockage massif des détaillants. En effet, les libraires auraient retourné à leurs éditeurs les "invendus" avant la hausse de la TVA. Conséquences : une pagaille généralisée dans les petites et moyennes maisons d’éditions, avec à la clé de probables faillites.
108% d’augmentation
Les deux grandes maisons d’éditions du marché, Hachette et Editis, n’ont pas émis de critiques sur cette hausse de la TVA. Elles fonctionnent avec une rotation importante de leurs livres et seront donc moins touchées par cette hausse que les petites structures.
Néanmoins, ces éditeurs ont obtenu une contrepartie de l’Etat. Le gouvernement français s’est engagé, contre l’avis de l’Union européenne, à faire passer de 19,6% à 7% la taxe sur le livre numérique et ce à partir du 1er janvier 2012. L’ebook connaît une croissance exponentielle. Selon une étude, près 27 millions de liseuses se sont vendues dans le monde en 2011. Ceci représente une augmentation de 108% par rapport à 2010.
Amazon à 3%
Sur le blog de ePagine, on apprend que Gallimard applique d’ores et déjà la future baisse de la TVA à ses ebooks. Une opération commerciale afin d’inciter les consommateurs avant les fêtes de fin d’année.
Cette baisse de la taxe sur les livres numériques n’est pas forcément une bonne nouvelle pour l’édition papier. Le Luxembourg, pays hôte de l’entreprise Amazon et principal concurrent avec sa nouvelle liseuse « Kindle », a confirmé qu’il appliquerait une TVA à 3% aux produits et services en ligne.