Ça sent le roussi pour la cigarette. Xavier Bertrand, ministre de la Santé, et Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, ont signé lundi une circulaire adressée aux préfets. Son but : le renforcement des contrôles dans les lieux publics et la protection des jeunes. Dans la ligne de mire du gouvernement, les cafés qui laissent leurs clients s’en griller une, ce qui est pourtant interdit depuis 2006.
"On est obligés de prendre le risque", a expliqué sur Europe 1 une patronne de bistrot de Lille qui laisse parfois fumer ses clients discrètement, de peur de les perdre. "La loi est là pour être contournée !" a même assuré l’un d’entre eux, pratiquant la politique du "pas vu, pas pris".
Christophe Leroux, délégué à la Ligue contre le cancer, a confirmé sur Europe 1 que l’interdiction était "de moins en moins respectée" et la police "pas suffisamment mobilisée". A Paris, il a ainsi dénombré 188 infractions constatées l’an dernier, pour moins de 20 sanctions.
Cigarettes bonbons
La circulaire rappelle en outre les mesures accompagnant l’interdiction de vente de tabac aux jeunes, comme par exemple l’instauration de zones protégées autour des établissements scolaires, où la vente du tabac ne sera pas autorisée. Le texte s’intéresse également aux cigarettes bonbons, ces cigarettes aromatisées ou contenant une pastille de menthol dans le filtre. Très prisées des jeunes, elles sont également interdites.
Une circulaire qui a donc pour but de "simplement faire appliquer la réglementation", a souligné Christophe Leroux. La Ligue contre le cancer a donc salué le texte. Mais elle veut aller plus loin : Christophe Leroux a appelé la France à "sortir du tabac en 2030". "Pas question de stigmatiser les fumeurs", a-t-il ajouté, visant plutôt "l’industrie du tabac", dont les stratégies sont "très puissantes"
Les buralistes, eux, sont mécontents et se disent "fliqués", regrettant qu’on "n’entende absolument pas parler de la sensibilisation des parents, de l’Education nationale". Et ils notent que le gouvernement est "moins audacieux" quand il s’agit de lutter contre les marchés parallèles.