Oui, Bernard Tapie est allé à l'Elysée. Plusieurs fois même. Les propos de Stéphane Richard, l'actuel PDG d'Orange et l'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, en garde à vue ont été confirmés par l'homme d'affaires himselfau Parisien. Stéphane Richard avait confié aux enquêteurs que "le 24 ou le 25 juillet 2007", Bernard Tapie avait assisté à une "réunion cruciale" sur l'arbitrage à l'Elysée, détaille le quotidien. S'il assure ne pas s'en souvenir, Bernard Tapie fait confiance à la mémoire du PDG d'Orange.
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"S'il l'a dit, c'est que c'est vrai". Interrogé à ce sujet par Reuters, l'homme d'affaires a répondu : "S'il l'a dit, c'est que c'est vrai". "Objectivement, je ne m'en souviens pas. Mais je ne peux pas croire que Stéphane Richard puisse se tromper", a-t-il confirmé vendredi au Parisien. Prié de dire pourquoi cette rencontre se serait déroulée à l'Elysée, et non à Bercy, Bernard Tapie répond : "Je n'ai pas choisi l'endroit où on souhaitait me recevoir."
"Nous allons faire l'arbitrage". Jean-François Rocchi, président du Consortium de réalisation (chargé de liquider le passif du Crédit Lyonnais), également mis en examen, avait reçu le même convocation à cette réunion dont l'objet n'avait pas été précisé et à laquelle participait également François Pérol, le secrétaire général adjoint, selon leurs propos. Claude Guéant a indiqué : "nous allons faire l'arbitrage", a rapporté Stéphane Richard aux enquêteurs. Dans le quotidien vendredi, Bernard Tapie réfute clairement cela. "Rien ne s'est fait en catimini. Ni Stéphane Richard, ni Christine Lagarde, ni Claude Guéant n'avaient le pouvoir de décider", assure Bernard Tapie. Quant à Nicolas Sarkozy, "c'était normal qu'il donne son avis".
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"Je ne m'en cachais pas". L'homme d'affaires, qui a reçu 403 millions d'euros - intérêts compris - dans l'arbitrage sur la vente d'Adidas en 1993, se montre d'ailleurs transparent sur ses visites au palais présidentiel. "Je suis allé plusieurs fois à l'Elysée. Je ne m'en cachais pas d'ailleurs. J'entrais et je sortais par la grande porte", a-t-il confirmé au quotidien. Qu'y faisait-il ? "Je voulais faire entendre mes arguments", dit encore celui qui a "eu des rendez-vous avec Nicolas Sarkozy en personne et avec François Fillon à Matignon", deux hommes avec lesquels il ne s'est "jamais entretenu de [son] dossier". Prié d'expliquer cette proximité, il répond : "Qu'est-ce qui explique celle que j'avais avec François Mitterrand et avec plein de gens de gauche et plein de gens de droite. C'est simplement parce que je suis dans un univers (politique) que j'aime bien et pour lequel j'ai eu de bonnes idées." "Si François Hollande me demande de venir le voir, j'irai le voir".
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Le gouvernement français a annoncé jeudi qu'il entendait déposer un recours en révision pour faire annuler l'arbitrage favorable à l'homme d'affaires.