L'INFO. C'est un développement de plus dans l'affaire de l'arbitrage controversé en faveur de Bernard Tapie dans son litige avec le Crédit lyonnais, portant sur la vente d'Adidas. En juillet dernier, les juges du pôle financier ont ordonné la saisie des biens de l'homme d'affaires, déjà mis en examen pour "escroquerie en bande organisée" quelques semaines plus tôt dans ce dossier. Or, mardi, Le Parisien, révèle que deux semaines après cette mesure, Bernard Tapie a tenté de transférer 1,8 million d'euro vers Hong Kong. Sauf que ce transfert de fond est repéré le 23 juillet par la cellule antiblanchiment de Bercy. Deux jours après, la justice a saisi ces fonds.
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Comment l'homme d'affaires a-t-il opéré ? Bernard Tapie a échafaudé un montage financier via le Danemark et la Belgique, que détaille le quotidien. Pour commencer, il transfère 2 millions d'euros d'un compte domicilié au Danemark, chez Saxo Bank. Les fonds arrivent sur le compte d'une de ses sociétés, filiale française de sa holding basée à Bruxelles, le Groupe Bernard Tapie (GBT). Sur ces 2 millions, Bernard Tapie demande à la banque française où est domicilié le compte de cette société de transférer la somme de 1,8 million sur le compte d'une autre filiale de GBT, celle-ci basée à Hongkong. C'est là qu'intervient Tracfin, la cellule antiblanchiment du ministère de l'Economie
Comment expliquer ce blocage ? La saisie des biens de Bernard Tapie ordonnée en juillet a un but précis : éviter que l'homme d'affaires organise son insolvabilité. Les juges financiers souhaitent ainsi qu'il puisse, en cas de condamnation, rembourser la totalité de sommes perçues dans le cadre de l'arbitrage, soit 278 millions d'euros après impôt et paiement des dettes, selon l'estimation des magistrats. C'est ainsi que lorsque Tracfin a repèré l'opération, elle a demandé immédiatement le blocage. Celui-ci est intervenu deux jours plus tard, après une demande de saisie pénale du parquet.
Pourquoi Bernard Tapie voulait transférer ces fonds ? Pour une source judiciaire citée par le Parisien, si cette opération "reste modeste au regard des sommes détenues par l’homme d’affaires", soit 220 millions selon la commission parlementaire sur l'arbitrage, elle est forcement suspecte. "cette opération montre qu’il tente de cacher une partie de son patrimoine, estime une source proche de l’enquête. S’il fait ça, c’est qu’il n’est pas forcément serein sur son avenir judiciaire", poursuit cette source. Mais l'homme d'affaires se défend dans les colonnes du quotidien, en arguant que cette opération est tout à fait légale. "Je n’ai jamais cherché à cacher de l’argent à l’administration française. J’ai bien procédé au transfert de 1,8 M€, mais dans le but d’assurer le paiement du personnel de mes filiales à l’étranger", assure-t-il. D'ailleurs, selon Bernard Tapie, la justice aurait abandonné un projet d'enquête judiciaire pour "blanchiment", faute de fondement juridique. Pour l'ancien PDG d'Adidas, tout cela n'a qu'un seul but : "l'’asphyxier" et le "pousser à la liquidation comme il y a quinze ans". Bernard Tapie prévoit désormais d'organiser une conférence de presse, courant octobre, pour donner sa version des faits.