Une enquête de la CLCV souligne la colère des voyageurs face à l'opacité des tarifs.
Les 135 millions de voyageurs qui prennent le train chaque année risquent de grincer des dents. Un décret publié discrètement dans le Journal officiel fin juillet prévoit des modifications dans la façon dont sont fixés les tarifs, révèle Challenges.fr. Afin de faire face à l'ouverture progressive à la concurrence prévue par la réglementation européenne, la SNCF bénéficierait davantage de flexibilité dans la fixation de ses tarifs. Sans surprise, la tendance est plutôt à l'augmentation du prix des billets.
Parallèlement à la mise en application de ce décret, l'association de consommateurs CLCV (Consommation, logement et cadre de vie) a publié lundi une enquête peu flatteuse à l'encontre de la compagnie ferroviaire. Tarifs opaques, retards en série, problèmes d'indemnisation, les clients dressent un bilan sans concession sur les prestations de la SNCF.
Des tarifs trop élevés pour 87% des sondés
Principal point de mécontentement : l'augmentation des tarifs. Selon l'étude, le prix moyen par kilomètre a augmenté de 26.4%, entre 2002 et 2009, rapporte Le Parisien. Le prix moyen d'un billet de TGV s'élève à présent à 45,20 euros, contre 38,20 euros dans le passé. "87 % des sondés considèrent que les prix étaient trop élevés, seuls 11% estiment que c’est le prix correct", commente Thierry Saniez délégué général de l'association de consommateurs CLCV, interrogé par Europe 1. La mise en place du décret 201-914 ne risque pas d'inverser la tendance.
L’occasion pour Europe 1 de faire un point sur les tarifs nébuleux de la SNCF.
Comment seront fixés les tarifs ? Actuellement les tarifs de la SNCF s'établissent selon plusieurs variables : le nombre de kilomètres parcourus, le type de transport (TGV, TER, transilien), le taux de "remplissage" du train et la période de la journée (heure pleine, heure creuse).
C'est sur ce dernier point que la SNCF veut revenir. La compagnie prévoit en effet la disparition des plages horaires. Fini les périodes bleues pendant les heures creuses et les périodes blanches pendant les heures pleines.
Des tarifs de plus en plus compliqués ? Le tarif le plus bas sera le Prem’s, le plus élevé celui de la 2nde classe plein tarif en période de pointe actuelle, précise Challenges.fr. L'éventail des tarifs de la SNCF sera donc bien plus large.
Résultat : une grille tarifaire de plus en plus opaque constate Thierry Saniez de la CLCV. "L’assouplissement des tarifs risque de rendre encore plus illisible la grille des tarifs qui est déjà considérée comme difficilement lisible par les consommateurs", analyse-t-il.
Ajoutez à cela les multiples offres et cartes de réduction (Prem's, Pro, iDTGV, Prêt à Partir etc), les clients ne s'y retrouvent plus. D’après une étude réalisée en 2009 par la CLCV, c’est 20 tarifs différents pour un même siège que peuvent trouver les clients. Selon une autre enquête publiée ce lundi dans Le Parisien, un tiers des clients trouvent opaque l'information sur les prix. "Il faut un affichage beaucoup plus clair de la politique tarifaire de la SNCF et de la politique mise en place par les services publics pour renforcer l’attractivité du train", recommande Thierry Saniez de la CLCV.
Comment s'y retrouver ? Plusieurs sites proposent aux clients de comparer les tarifs des billets de la SNCF, comme l'écocomparateur de la SNCF. Ce service permet aux voyageurs de choisir leur moyen de transport (train, voiture, avion) selon le prix et la durée du trajet. Ainsi pour effectuer un trajet Nantes-Paris, la SNCF recommande de prendre le train. Le prix du billet s’élève à 77 euros pour 2h15 de trajet ; alors qu’en voiture, le voyage reviendrait à 161 euros pour 3h44 de route. Pour faire Paris-Nice, le choix est toutefois plus contrasté. En train, le voyage pour deux personnes revient à 230 euros pour 5h40 de trajet, contre 1h25 en avion pour 296 euros.
Le site Guide.com recense quant à lui les différentes réductions possibles sur un seul et même trajet.
Le site de la compagnie ferroviaire Bahn se positionne lui en concurrence frontale avec la SNCF. La compagnie ferroviaire Outre-Rhin est présente en France depuis 1996 par l'intermédiaire de sa filiale DB France. Le site allemand propose aux voyageurs français de réserver des billets en partance de Paris et à destination de plusieurs villes européennes. Avantage : là où la SNCF ne propose pas de billets comprenant plus de deux escales, la compagnie allemande soumet des destinations qui en comportent plusieurs.