Au lendemain de l’arrestation d’un jeune homme soupçonné d’être un proche du groupe de Tarnac, dans le cadre de l’enquête antiterroriste sur les sabotages de lignes de TGV en novembre 2008, la défense s’est montrée mercredi très… offensive. Flanqués de députés Verts et PS, les trois avocats de Julien Coupat et de ses camarades ont violemment mis en cause, lors d’une conférence de presse donnée à l’Assemblée nationale, la probité de l’enquête menée par le juge Thierry Fragnoli et les policiers de la Sous-direction antiterroriste (Sdat).
"On est au-delà de la déloyauté, on est dans des présomptions très sérieuses de la falsification sinon de la fabrication de preuves", a lancé maître William Bourdon, bientôt soutenu par son collègue Thierry Lévy : "On est arrivé à un point où l'authenticité des procès-verbaux de la police judiciaire est suspecte. On se demande si des PV n'ont pas été fabriqués, forgés pour tenter de donner de la consistance à des faits qui n'existent pas."
Pour étayer leurs graves accusations, les avocats ont cité plusieurs exemples. Pour eux, les observations lors de la filature de Julien Coupat et de sa compagne, dans la nuit du 7 au 8 novembre à Duisy (Seine-et Marne), sur les lieux d'un des sabotages, sont sujets à questions. Selon les observations du procès-verbal D104, le temps passé sur les lieux ne permettait pas matériellement de réaliser ces sabotages, a affirmé maître Jérémie Assous. "Ni les suivis, ni les suiveurs n'étaient présents dans la nuit sur les lieux", en a conclu l’avocat, qui a par conséquent réclamé au juge une reconstitution sur les lieux.
Les conseils du groupe de Tarnac sont également sceptiques quant à l'audition d'un témoin protégé par l'anonymat. Son témoignage sous X, le 14 novembre 2008, avait été considéré comme un élément à charge. Ce témoin affirme lui-même qu'il a gravement été manipulé", a affirmé maître Bourdon. "Nous disposons d'une convergence d'indices qui laisseraient penser à une manipulation d'une extrême gravité selon laquelle il n'aurait pas été entendu le 14 novembre mais le 13." Les avocats ont annoncé qu'ils demandaient au juge l'audition de ce témoin en leur présence.
L’affaire a pris au cours des mois une telle ampleur que la sphère politique s’en est peu à peu emparée. Si ces "présomptions" étaient confirmées, la responsabilité du gouvernement serait mise en cause, ont d’ailleurs déclaré les trois avocats des jeunes mis en cause. "On assiste à une fuite en avant de la part du pouvoir et de la justice et on risque bien d'aboutir à une affaire d'Etat", a conclu le député PS André Vallini.
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