Un physicien du Centre européen de recherche nucléaire, le Cern, doit être bientôt jugé pour avoir envisagé des actes "terroristes", l'accusation s'appuyant sur des mails échangés avec un chef d'Al-Qaïda mais qui n'apportent pas "la moindre preuve" selon sa défense.
Adlène Hicheur a été interpellé le 8 octobre 2009 à Vienne en Isère, mis en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" et placé en détention provisoire quatre jours plus tard. Il est toujours incarcéré.
Les soupçons des enquêteurs de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) sont nés de la surveillance de plusieurs comptes de courriers électroniques après l'envoi sur le site de l'Elysée début 2008 d'un message reprenant un communiqué d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Les policiers ont suivi les échanges entre une adresse électronique, qui s'avèrera être celle du chercheur du Cern, et un correspondant s'abritant derrière deux pseudonymes: ce correspondant serait Mustapha Debchi, dirigeant d'Aqmi vivant alors en clandestinité en Algérie, selon l'ordonnance de renvoi que Libération avait dévoilée.
Le 24 février 2009, Debchi écrit à Hicheur: "Je voudrais (en tant que pauvre esclave) exécuter des opérations en France et il nous manque les amoureux ... prêts à ceci: je te proposerai qu'on soit, tous les deux, en tête de la liste (..)".
Dans sa réponse, Hicheur semble éluder, puis le 10 mars il écrit: "Il est tout à fait normal qu'on soit en désaccord sur quelques points stratégiques (techniques) dans l'application de la lutte contre les ennemis".