Le juge antiterroriste Marc Trévidic est en Algérie où il voulait se rendre depuis deux ans dans le cadre de son enquête sur l'assassinat en 1996 des moines de Tibéhirine, a-t-on appris mardi de source proche du dossier. Il s'agit d'un voyage préparatoire à une possible nouvelle visite pour effectuer les actes d'enquête qu'il entend mener: l'autopsie des têtes des sept moines et l'audition de témoins.
Enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère isolé, près de Medea (sud d'Alger), les religieux avaient été assassinés. Le Groupe islamique armé (GIA) de Djamel Zitouni, parfois soupçonné d'avoir été un agent infiltré des services algériens, avait revendiqué l'enlèvement et l'assassinat. Les têtes des religieux avaient été retrouvées le 30 mai au bord d'une route de montagne, mais leurs corps ne l'ont jamais été, soulevant l'hypothèse que cette absence de dépouille ait été destinée à masquer les causes de leur mort.
Après avoir suivi la thèse islamiste, le juge Trévidic a réorienté l'enquête vers une possible bavure de l'armée algérienne, depuis 2009, et le témoignage d'un ancien attaché de défense à l'ambassade de France à Alger, le général François Buchwalter. Selon lui, les moines ont été tués dans un raid d'hélicoptères militaires tandis qu'ils se trouvaient dans ce qui semblait être un bivouac de jihadistes.