L'AFFAIRE LAETITIA. Il est accusé d'avoir enlevé, tué, puis démembré Laëtitia Perrais, jeune fille de 18 ans, en janvier 2011. Le procès de Tony Meilhon s'est ouvert mercredi devant la cour d'assises de Loire-Atlantique, à Nantes. Un procès hors norme de trois semaines, pour une affaire qui avait défrayé la chronique au moment des faits, tant par la cruauté du crime que par l'écho politique qu'avait donné au dossier Nicolas Sarkozy, à l'époque président de la République. Une quarantaine de témoins doivent être entendus, une douzaine de parties civiles seront représentées et une centaine de journalistes sont attendus. La cour tentera d'établir ce qui s'est exactement passé dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, au cours de laquelle Laëtitia a disparu. Tony Meilhon, déjà condamné par le passé à plusieurs peines de prison notamment pour vol avec violences, risque la réclusion criminelle à perpétuité.
La disparition. C'est dans la soirée du 18 janvier 2011 que Laëtitia est vue vivante pour la dernière fois. La jeune fille prend des verres avec Tony Meilhon à La Bernerie-en-Retz, près de Pornic, où elle habitait dans une famille d'accueil avec sa sœur jumelle Jessica. C'est elle qui donne l'alerte le 19 au matin : Jessica a retrouvé le scooter accidenté de sa jumelle, sur le bas-côté d'une route, à quelques centaines de mètres de leur domicile. Dès le matin du 20 janvier, guidés par des témoignages, les gendarmes du GIGN interpellent Tony Meilhon dans une maison d'un hameau isolé à Arthon-en-Retz.
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La version de Meilhon vite fragilisée… Confondu par des traces de sang dans sa voiture, Tony Meilhon lâche aux enquêteurs qu'il a mortellement blessé Laëtitia en la heurtant accidentellement avec sa voiture alors qu'elle rentrait en scooter chez elle. Le suspect précise avoir jeté le corps dans la Loire depuis le pont de Saint-Nazaire. Il se mure ensuite dans le silence. Mais le 1er février 2011, au terme de plusieurs semaines de recherches acharnées, les plongeurs de la gendarmerie retrouvent la tête, les bras et les jambes de la victime. Les membres sont enroulés dans un grillage et immergés dans un étang de Lavau-sur-Loire, à une cinquantaine de kilomètres au nord du lieu de disparition de Laëtitia. Il faut encore une dizaine de semaines pour retrouver le buste de la jeune femme, finalement repéré le 9 avril 2011 flottant à la surface d'un autre étang situé, lui, au sud de la Loire, à Port-Saint-Père.
… qu'il maintient encore. Selon son avocat, Me Fathi Ben Brahim, Tony Meilhon continue de s'en tenir à sa version initiale. S'il accepte de comparaître, il devrait tenter de défendre cette thèse durant le procès. Face à lui à l'audience, les jurés entendront les médecins chargés de l'autopsie. Cet examen a établi que la mort a été causée par un étranglement suivi ou accompagné de plus de 30 coups de couteau. Non pas par un accident de scooter. Tony Meilhon devra en outre affronter des témoins qui l'ont vu avec la victime dans la soirée, dans un état de grande nervosité causé tant par l'alcool que par des drogues. Et aussi des amis de Laëtitia qui ont reçu cette nuit-là plusieurs messages et SMS alarmants de celle-ci.
De nombreuses parties civiles et un malaise. Fait rarissime, la mère de Tony Meilhon a annoncé son intention de se constituer partie civile contre son fils, estimant que son crime rejaillit sur elle. Parmi les autres parties civiles, la sœur de la victime Jessica Perrais, sa mère biologique Sylvie Larche, son père biologique Franck Perrais et la famille de celui-ci seront chacun défendus par un avocat différent. Ces trois parties ont d'ores et déjà annoncé leur intention de s'opposer à la demande de constitution de partie civile du père d'accueil des jumelles, Gilles Patron, que compte déposer son avocat. L'affaire Laëtitia avait en effet connu un rebondissement sordide quelques mois après le crime. Gilles Patron avait été mis en examen de pour viols et attouchements sur Jessica. Ce volet, totalement indépendant du dossier Meilhon, n'a pas encore été jugé.