L'INFO. Un contrôle de police sur une femme entièrement voilée qui dégénère, le mari placé en garde à vue, puis trois nuits d'émeutes. Les faits se sont produits à Trappes, dans les Yvelines, le 18 juillet dernier. L'affaire a été examinée vendredi par le tribunal de grande instance de Versailles. Le mari, Mickaël Khiri, 21 ans, y a comparu pour "outrage, rébellion et violences sans ITT sur trois policiers", tous partie civile. Trois mois de prison avec sursis ont été requis, ainsi qu'une amende de mille euros, ont été requis à son encontre.
"Ce contrôle était justifié". "Oui ce policier a été frappé, oui on a essayé de l'étrangler", a estimé le procureur de la République Vincent Lesclous dans ses réquisitions. "Ce procès était l'occasion de faire un pas vers nous, vous ne l'avez pas fait", a-t-il regretté, en s'adressant au prévenu, venu seul à l'audience, vêtu d'un pull à capuche noir, baskets et pantalon large. "Ce contrôle était justifié juridiquement parce qu'il y a une loi qui pénalise le port du voile intégral sur la voie publique, ce n'est pas discutable", a ajouté le procureur en référence à la loi applicable depuis 2011.
Parole contre parole. Selon la version des policiers, l'époux a frappé un fonctionnaire au visage et lui a serré la gorge lors du contrôle. Des faits contestés par le mari qui, lui, fait état des "provocations" et "insultes" dont il aurait fait l'objet. Une enquête de l'IGPN, la "police des polices", est en cours sur les circonstances de ce contrôle d'identité. "L'histoire d'un contrôle de police qui a été mal mené est une fable. Une fable qui a été montée exclusivement par des gens qui, à l'extérieur, se sont emparés des faits, et les ont dénaturés", assure l'avocat des policiers.
"Il y a une double instrumentalisation de cette affaire". "Quand il a été remis en liberté, à l'issue de la garde à vue, monsieur Khiri a été pris en main, instrumentalisé par des groupes salafistes. Ils l'ont emmenés sur des plateaux de télévision et des micros de radio, et lui ont fait dire des choses qu'il n'a jamais dite en procédure, tout simplement parce qu'elles ne sont pas vraies", poursuit Me de Montbrial. "Il y a une double instrumentalisation de cette affaire, c'est grave", précise-t-il. "Ce qui est recherché par ces gens là, c'est de monter la société française en bloc de communauté les uns contre les autres, c'est du communautarisme et du communautarisme violent", dénonce le conseil, qui espère du tribunal la plus grande fermeté. "Si on ne marque pas un coup d'arrêt ferme, et c'est ce que l'on attend du tribunal, il va encore y avoir des incidents instrumentalisés qui vont être montés en épingle et un jour, il y aura des morts", lâche l'avocat.