L'INFO. "Tricastin: accident nucléaire", "François Hollande : président de la catastrophe?", “Prêt à payer le prix ?” Tels sont les slogans que l'on pouvait lire en posant le regard sur la centrale nucléaire du Tricastin, dans la Drôme, entre 5h du matin et midi, lundi. Un trentaine de militants de Greenpeace ont en effet pénétré dans la centrale, montant sur les infrastructures entourant les réacteurs pour y déployer trois banderoles estampillées de ces messages alarmistes. "Ils n'ont pas accédé aux zones sensibles", assure toutefois le ministère de l'Intérieur. A 12h30, les gendarmes avaient interpellé 29 militants. "Les 160 gendarmes mobilisés sur cette intervention poursuivent leur opération de fouille complète de l'ensemble du site afin de s'assurer qu'aucun militant ne se trouve encore dans l'enceinte", a ajouté le porte-parole de la place Beauvau. Le gouvernement a d'ores et déjà commandé un "rapport d'inspection sur les conditions de l'intrusion" des militants. Et il réfléchit à un durcissement des sanctions contre de pareilles opérations à l'avenir.
Pourquoi ont-ils fait ça ? "Comme Fessenheim, la centrale du Tricastin est une de celles qui connaît le plus de risques de sûreté et d’agressions externes naturelles ou humaines", estime l’organisation écologiste, qui en appelle à une fermeture rapide de la centrale. "Elle a notamment une vingtaine de fissures sur la cuve du réacteur n°1. C’est la troisième centrale la plus âgée du parc français. Elle a dépassé les 30 ans, durée de vie prévue initialement. Elle est comme Fessenheim exposée aux risques d’inondation et de séisme. Elle fait aussi face à un important risque industriel - explosion, nuage toxique - puisque située dans un des plus grands complexe nucléaire et chimique de France", argumente Greepeace sur le site energie-climat.greenpeace.fr, qui relate en direct cette prise de possession du Tricastin. Invité d'Europe 1 Matin, Jean-Vincent Placé a pour sa part salué l'"action citoyenne" des militants de Greenpeace. "Cela montre qu'on rentre dans ces centrales extrêmement dangereuses un peu comme dans une passoire", a souligné le sénateur EELV. Heureusement, estime-t-il, "cet acte a été commis par des militants sympathiques. C'est la démonstration qu'il y a un problème", a-t-il ajouté.
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Une centrale qui n'a plus raison d'être ? D'après les activistes, cette centrale doit d'autant plus être fermée qu'elle n'a plus de raison d'être. "La centrale du Tricastin a été construite pour alimenter l’usine d’enrichissement d’uranium George Besse I voisine. Cette usine est fermée depuis le 31 mai 2012. Depuis avril 2013, sa remplaçante, Georges Besse II, a pris le relais en consommant 50 fois moins d’électricité. Quand on sait que l’usine Georges Besse n’a plus besoin de l’électricité produite par les quatre réacteurs de Tricastin, sa fermeture relève du simple bon sens", assure l'organisation.
Le gouvernement veut durcir les sanctions. "C'est une action médiatique qui ne représente pas de danger pour la sécurité des installations", a tenu à rassurer lundi le porte-parole de la place Beauvau, Pierre-Henry Brandet. Les ministres de l'Intérieur et de l'Energie, Manuel Valls et Philippe Martin, ont par ailleurs demandé un "rapport d'inspection sur les conditions de l'intrusion" de militants écologistes sur le site nucléaire du Tricastin, a annoncé le ministère de l'Intérieur. Et ils étudient maintenant un moyen de durcir les sanctions. Selon le gouvernement en effet, l'opération coup de poing menée lundi matin peut seulement être qualifiée de "violation de vie privée", ce qui, selon les deux ministères, est "manifestement inadapté".