Tuerie de Bruxelles : y-a-t-il eu une faille des services de renseignement ?

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Les services de renseignement français assurent avoir agi dans le cadre de leurs fonctions. L'affaire met toutefois en lumière des lacunes en termes de coopération européenne.

Comme pour Mohamed Merah, les services antiterroristes français avaient perdu sa trace. Le profil de Mehdi Nemmouche, le principal suspect dans le dossier de la tuerie du Musée Juif de Bruxelles, relance la polémique sur la surveillance des djihadistes français qui partent en Syrie. Comme c'est le cas de Medhi Nemmouche. Le jeune homme de 29 ans, arrêté vendredi à Marseille en possession d'un véritable arsenal de poche, était de retour en Europe depuis quelques mois, après un séjour d'un an en Syrie. Un parcours qui pointe les lacunes de l'antiterrorisme à l'échelon européen.

De multiples condamnations. Les démêlés de Medhi Nemmouche avec la justice commencent très tôt, alors qu'il n'est pas encore majeur, et qu'il vit chez sa grand-mère, à Roubaix. Le 8 janvier 2004, le jeune homme, âgé de 19 ans à l'époque, est condamné par le tribunal pour enfants à deux mois de prison pour vol avec violences. S'ensuit deux autres condamnations pour conduite sans permis et refus d'obtempérer, rapporte Le Monde.

La sanction qui marquera le début de sa radicalisation intervient en 2007. Medhi Nemmouche est condamné par le tribunal de Grasse pour tentative de vol aggravé en récidive. L'année suivante, d'autres délits passés le rattrapent : vol aggravé et braquage d'une supérette notamment, toujours selon Le Monde. Au total, Medhi Nemmouche a été condamné sept fois en dix ans et incarcéré, sans discontinuité, de décembre 2007 à décembre 2012.

Il se radicalise en prison… comme beaucoup d'autres. C'est là, derrière les barreaux, que le jeune homme se radicalise. L'administration pénitentiaire signale même son comportement prosélyte auprès de la Direction centrale du renseignement (DCRI). Pourtant, à sa sortie de prison, les services de renseignement ne mettent pas en place une surveillance méthodique du suspect.

"Il faut savoir que le nombre de personnes qui se radicalisent en prison est considérable. Ce qui veut dire qu'à la sortie de prison ce sont des centaines de personnes que l'on trouve dans la nature", réagit, pour Europe 1, Louis Caprioli, spécialiste de l'antiterrorisme. Et d'ajouter : "si la DGSI l'avait suivi, qu'est ce qu'elle aurait tracé ? On ne pouvait pas le poursuivre. Car aucun fait ne lui était reproché sur le plan pénal". D'autant plus qu'il ne fait pas figure de terroriste en puissance à cette époque.

ÉcoutezLouis Caprioli :

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Des précautions pour quitter le territoire... Sauf que, trois semaines après sa sortie de prison, Medhi Nemmouche quitte la France, direction la Syrie. Pour ce faire, le suspect prend de multiples précautions, notamment en passant par plusieurs pays. "Il a un parcours atypique. Il prend énormément de précautions pour quitter l'Europe. Il va passer à Bruxelles. Là-bas, il n'est pas contrôlé. Ensuite, il part à Londres. De Londres, il part à Beyrouth. Et de Beyrouth, il part à Istanbul", résume Louis Caprioli. Une fois en Turquie, le suspect traverse ainsi la frontière pour arriver en Syrie.

Une fois en Syrie, Medhi Nemmouche fait une nouvelle fois l'objet d'un signalement auprès de la DCRI. Le jeune homme aurait rejoint les rangs de l'Etat islamique en Irak et au Levant, un groupe islamiste lié à Al-Qaïda. "Mais il n'a pas pu être localisé et surveillé sur zone", a indiqué dimanche le procureur de la République de Paris. Là, les services du renseignement créé un fiche "S", pour "sûreté de l'Etat", à son nom. Il figure ainsi au fichier français des personnes recherchées. Le jeune homme est également inscrit au Système d'information Schengen (SIS), selon Le Monde.

Regardez le parcours de Medhi Nemmouche :

…Et pour revenir. Après un an en Syrie, Medhi Nemmouche prend, une nouvelle fois, de grandes précautions pour voyager. Le suspect prend en effet soin, au terme de son séjour d'un an, de passer quelques semaines par l'Asie du sud-est pour ne pas éveiller les soupçons. "Depuis Istanbul, il va se rendre dans des pays comme la Malaisie, Singapour, la Thaïlande, et revenir en passant par l'Allemagne", détaille Louis Caprioli.

Un manque de coopération européen. La douane allemande signale donc sa présence sur le territoire aux services du renseignement. Et c'est à ce moment-là que l'on perd sa trace et "qu'il y a dysfonctionnement", selon le spécialiste de l'antiterrorisme. "Cet individu, quand il quitte l'aéroport, il est tout seul dans la nature. Il eut été nécessaire qu'une équipe de surveillance allemande le prenne en charge pour le filocher, pour l'amener jusqu'à la frontière française. C'était dans l'intérêt des Allemands, avec un individu de cette nature, de mettre une surveillance, parce qu'il pouvait tout aussi bien frapper en Allemagne", estime-t-il.

Louis Caprioli assure toutefois que, dans cette affaire, il n'y a "pas eu de failles des services de renseignement français". Mais un manque de coopération entre les différents pays européens.

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