Il préférerait témoigner à visage découvert. Mais il ne le peut même pas. Ce quadragénaire a été militant et même élu local du Front national. Puis il a décidé de changer de vie "pour des raisons personnelles". Mais "quand vous décidez de tourner cette page-là, ça vous revient dans la figure", confie-t-il à Europe1.fr. Pour lui, le boomerang a pris la forme… du moteur de recherches Google.
Tout a commencé en novembre 2009. Le quadragénaire est alors embauché dans une nouvelle entreprise, sa nomination à un poste à responsabilités est annoncée dans un mail interne. "Le lendemain, j’étais ‘googlisé’, sans aucune mauvaise intention au départ". Mais l’affaire tourne au vinaigre quand certains de ses futurs collègues découvrent son passé politique. La procédure d’embauche est stoppée illico.
"Jusqu’au jour où ça vous tombe dessus"
"Je savais qu’il y avait des traces de mon passé politique. Mais je ne pensais pas que ce serait un obstacle dans ma vie professionnelle. Je n’ai jamais parlé de politique au travail. J’ai toujours fait la part des choses. Jusqu’au jour où ça vous tombe dessus", résume-t-il.
Retrouver du travail est une urgence pour ce père de famille nombreuse. Mais changer sa cyber-réputation lui prend encore beaucoup de temps. Il faut contacter un à un tous les sites où figurent son nom puis en demandant à Google de faire à son tour du ménage. Et l’ancien élu le sait : "un résultat à 100%, ça n’existe pas. Il y a toujours des choses qui traîneront en page 10 d’un moteur de recherches".
6.500 euros pour faire du ménage
"Des pompes funèbres numériques", voilà ce dont rêve ce quadragénaire. Il a pensé un temps se faire aider par des spécialistes du nettoyage de l’e-réputation. Mais leurs devis, entre 4 et 6.500 euros dans son cas, l’ont dissuadé.
Un vrai marché ? Une piste pour se reconvertir ? "Avec mon expérience, je pourrais me lancer dans le conseil", ironise-t-il aujourd’hui.