Non, les magistrats syndiqués ne sont pas partiaux. C'est en substance le message passé jeudi matin sur Europe 1 par Françoise Martres, présidente du Syndicat de la magistrature. Cette dernière a démenti les allégations de Nicolas Sarkozy pour qui, l'une des deux juges (syndiquée au Syndicat de la magistrature) menant les investigations sur l'affaire des écoutes, est instrumentalisée politiquement.
"Les arguments sont toujours les mêmes". Françoise Thébault déplore que l'ancien chef de l'Etat utilise toujours cet argument dans les affaires dans lesquels il est cité. "Les arguments sont toujours les mêmes : se présenter comme une victime d'un acharnement judiciaire, remettre en cause les juges, parler d'un complot, jeter le discrédit sur la Justice", commente-t-elle.
"Un juge sans opinion, ça n'existe pas". Alors que les sarkozystes évoquent à tour de bras "un conflit d'intérêt", la présidente du Syndicat de la Magistrature assure que le fait d'être syndiqué n'interfère en aucun cas dans les enquêtes confiées aux magistrats en question. "On entretient sciemment la confusion entre l'impartialité et la neutralité du juge. On voudrait un juge sans opinion, sans apparence d'opinion : il n'existe pas ! C'est un humain avec une opinion. Ce qui garantit finalement Nicolas Sarkozy comme les autres justiciables qu'il n'est pas victime d'une justice arbitraire, c'est le respect des règles de procédure", réagit Françoise Thébault.
"Nous nous attaquons à un programme, pas à un homme". Concernant la lettre ouverte publiée par le Syndicat de la magistrature en 2012, pour interpeller Nicolas Sarkozy sur les conditions de la justice, la présidente assure qu'il ne s'agissait en rien d'une attaque personnelle. "Nous nous attaquons à un programme, pas à un homme ! Nous nous en prenons aux idées, en disant que ce programme pour la Justice est inconciliable avec l'idée d'une Justice indépendante", estime-t-elle.
"Il y a un principe fondamental : la liberté syndicale". Et d'ajouter : "D'autres magistrats portent une autre parole, il y a aussi des syndicats classés à droite. Ce qui est important pour la Justice, c'est qu'elle puisse être pluraliste !" La présidente du syndicat de la magistrature trouve donc hors de propos la proposition de loi d'Eric Ciotti d'interdire aux magistrats de se syndiquer. "Il y a un principe fondamental : la liberté syndicale. Les magistrats sont libres d'adhérer au syndicat de leur choix, gauche, droite, centre, peu importe. Ce qui est important pour l'institution judiciaire, c'est qu'il puisse y avoir un regard critique sur son fonctionnement", conclut Françoise Thébault.
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