La combine était bien rodée. Pendant près de quatre ans, trois infirmières de Gironde ont fait des fausses déclarations d’achat de matériel pour des patients en fin de vie et ont récupéré l'argent versé par la Sécurité sociale. Elles ont été mises en examen pour abus de biens sociaux, escroqueries, fausse comptabilité et recel, a-t-on appris de source judiciaire lundi. L'escroquerie au préjudice de la Sécurité sociale et du fisc pourrait atteindre un million d'euros.
Méconnaissance des médecins
Les infirmières âgées de 32, 39 et 40 ans géraient une société, ABC Perfusions, spécialisée dans la fourniture de produits de perfusions. L'arnaque reposait sur la méconnaissance des médecins en matière de prescription de matériels médicaux pour les patients en fin de vie.
Les médecins leur établissaient "de toute bonne foi" des ordonnances pour une quantité de produits bien supérieure aux besoins des patients, rapporte Le Parisien. Les infirmières n'achetaient que ce dont elles avaient besoin et obtenaient le remboursement de la totalité des prescriptions auprès des Caisses primaires d'assurance maladie. Le fisc était aussi escroqué, les trois femmes déclarant des montants de TVA correspondant aux faux volumes d'achat.
Un chiffre d'affaires suspect
"C'est la cellule Tracfin, destinée notamment à lutter contre le blanchiment d’argent, qui a repéré des virements suspects sur les comptes personnels des trois dirigeantes de cette société", relate une source proche de l’affaire. Le chiffre d’affaires réalisé par la société bordelaise était en effet bien supérieur à celui déclaré par les infirmières. Le préjudice pourrait dépasser le million d'euros, même s'il s'agit à ce stade pour le juge chargé de l'instruction d'étayer les éléments et montants avancés, a-t-on précisé au parquet.
L’étude de leurs comptes bancaires a permis de découvrir qu’une partie des sommes escroquées a été investie dans leurs maisons. Le reste de l'argent permettait aux infirmières de mener un train de vie "luxueux". Les trois femmes ont reconnu pendant leur garde à vue avoir commis de multiples abus de biens sociaux, ainsi que des fraudes fiscales.