En plein désastre nucléaire au Japon, cette décision judiciaire ne peut que créer la polémique. Les parties civiles du procès de Tchernobyl viennent d’apprendre que Marie-Odile Bertella-Geffroy, la juge d’instruction en charge du dossier a été suspendue. La décision d’arrêter ou de poursuivre son investigation sera prise le 31 mars prochain par la cour d'appel. En attendant, le parquet général a demandé un non-lieu.
De quoi faire sauter au plafond les associations de victimes : toute l’enquête menace de s’arrêter. "Cette attitude vise à étouffer l’instruction pénale portant sur la problématique majeure de la communication officielle en direction des populations, lors des catastrophes nucléaires, ce qui est absolument intolérable", a réagi Chantal Lhoir, coprésidente de l'Association française des malades de la thyroïde (AFMT), dans un communiqué. Funeste coïncidence, les parties civiles ont appris la nouvelle juste avant le séisme, survenu dans le nord-est du Japon.
Expertises sur le cancer de la thyroïde
Pour la défense de Pierre Pellerin, expert en radioprotection, c’est une victoire. Il est poursuivi pour "tromperie aggravée" après avoir soutenu, juste après Tchernobyl, qu’on pouvait laisser à la vente les produits alimentaires y compris les laitages.
Finies donc les expertises sur les cancers de la thyroïde et l’enquête épidémiologique que la juge d’instruction poursuit depuis 10 ans, se battant contre vents et marées ? L'AFMT demande au garde des Sceaux Michel Mercier d'empêcher toute "entrave" au déroulement de l'instruction, en particulier que le parquet ne requière pas de non-lieu dans cette affaire. Une décision qui intervient quelques jours du 25e anniversaire de la catastrophe nucléaire ukrainienne.