C'est une affaire de parking qui a fait déborder le vase de la délinquance marseillaise et coûté son poste au préfet de police, Gilles Leclair. Une affaire de trop pour le ministre de l'Intérieur qui entend remettre de l'ordre dans les Bouches-du-Rhône. Pour cela, Claude Guéant était lundi à Marseille pour installer un nouveau préfet, délégué à la sécurité.
"Innover pour que la sécurité règne enfin"
Il devra "innover sur le plan stratégique et méthodologique à Marseille, pour qu'une situation maîtrisée de la sécurité règne dans cette ville, enfin", a dit le ministre. Alain Gardère, 54 ans, était jusque-là son directeur adjoint de cabinet. Nommé en conseil des ministres mercredi dernier, il est le troisième préfet en deux ans dans le département.
Sa mission sera de lutter, mieux que ses prédécesseurs, contre la délinquance. Dans les Bouches du Rhône, les cambriolages ont augmenté de 14% par rapport à l'an dernier, les vols avec violences de 23% et les vols à main armée de 18%, 40% à Marseille.
Des policiers en plus
Pour Claude Guéant, ce qui se passe à Marseille, où il effectue son troisième déplacement depuis son arrivée Place Beauvau, "est absolument insupportable". Selon une source policière, il devrait notamment annoncer lundi l'arrivée d'une cinquantaine d'hommes - gardiens de la paix et adjoints de sécurité - pour contribuer à compenser les départs en retraite.
Profitant de cette visite ministérielle, Martine Aubry, candidate à la primaire PS, a décidé de venir elle aussi lundi dans la cité phocéenne pour, selon son entourage, "défier" le ministre de l'Intérieur et dresser un constat d'échec de la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy.
Insécurité permanente
Dans la cité phocéenne, les braquages, cambriolages, règlements de compte, faits divers violents se sont multipliés ces derniers mois. Les Marseillais doivent désormais composer avec un lot permanent de violence et d'insécurité. Dans le quartier du Canet, au nord de la ville, les habitants sont ulcérés.
Impossible de porter un collier ou une bague, sans se le faire arracher. Parfois violemment : un habitant a eu les doigts d'une main cassé après que des voleurs ont essayé de lui enlever son alliance, une autre a eu l'épaule démise.
Dans cette zone pavillonnaire, les habitants ont pris l'habitude de se relayer la nuit pour surveiller le voisinage. La visite de Claude Guéant à Marseille ne les rassure pas plus que cela. Ils sont convaincus que le retour à une situation normale prendra du temps car le malaise est profond.