En février 2006, un braquage dans un magasin Gap s’était conclu dans le sang, avec la mort de l’un des trois malfaiteurs, âgé de 24 ans, abattu par un policier. Ce denier est jugé à partir de mercredi devant les assises de Paris pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner". L'îlotier avait tiré sur le braqueur et l'avait mortellement touché au flanc alors qu'il s'enfuyait et qu'il portait sur lui une arme factice.
Pour sa défense, Loïc Lagadec, âgé de 43 ans, plaide, outre la légitime défense, l’amnésie. "J’ai le souvenir de l’avoir vu partir vers la sortie, et c’est à ce moment-là que je suis victime d’une amnésie post-traumatique, puisqu’il y a peut-être deux ou trois secondes dont je ne me souviens absolument pas", assure le policier, joint par Europe 1.
"J’ai fait tout mon possible pour ne pas tirer", assure le policier :
"Mes souvenirs reprennent alors que l’individu est un peu plus loin, en train de courir, et ensuite il s’effondre, mortellement blessé par le second tir", poursuit l’ex-îlotier, aujourd’hui suspendu. Les experts soutiennent cette thèse, parfaitement plausible selon eux.
"J’ai cru mourir"
Dans ces conditions, l’homme a du mal à éprouver des remords. "Je regrette que cette personne soit morte, je regrette que la famille soit triste, en revanche, je n’ai pas éprouvé de culpabilité pendent ces années, parce que j’étais en même temps partagé avec la satisfaction d’être sorti vivant d’un magasin où j’ai cru, pendant deux minutes, mourir", précise Loïc Lagadec.
Le policier affirme aussi avoir fait face à "des individus très déterminés". Et si l’arme retrouvée dans la main de la victime était factice, il était difficile selon lui de le savoir, d’autant que les trois braqueurs avaient pris en otage le personnel du magasin et plusieurs clients. "J’ai fait tout mon possible pour ne pas tirer", jure Loïc Lagadec. "J’estime qu’ils ne m’ont pas laissé le choix. Je peux exprimer des regrets, mais je ne suis pas rongé par la culpabilité aujourd’hui."
Pour la défense, l'amnésie sélective de l'accusé est louche. En outre, le policier n'avait pas entré dans le magasin et n'aurait pas dû faire feu à ce moment-là, selon les avocats de la famille de la victime.
Le procès est prévu pour durer trois jours. Le verdict devrait être connu dès vendredi.