L’INFO. Le tribunal administratif de Nantes a suspendu en référé la démission d'une stagiaire de l'armée. Celle-ci avait été contrainte au départ après avoir porté plainte contre un sergent qui l'avait filmée nue sous sa douche, a indiqué lundi l'avocat de la stagiaire.
"Un portable entre le bas de la cabine et le sol". Les faits se sont produits au soir de la qualification de l'équipe de France de football pour la Coupe du monde. La jeune femme suivait alors une formation d'agent de restauration au Centre militaire de formation professionnelle de Fontenay-le-Comte, en Vendée. Alors qu’elle prenait sa douche, à la fin de son service, un sergent l’a filmée nue à son insu. "Les casernements étant malheureusement mixtes". Ce dernier a "passé un téléphone portable entre le bas de la cabine et le sol", a expliqué l'avocat de la jeune femme, Me Jacques Delacharlerie. Elle avait finalement porté plainte le 20 novembre 2013.
La démission ou la désertion. Selon l’ordonnance du tribunal administratif en date du 28 février, la jeune femme de 25 ans, originaire de la Martinique et stagiaire volontaire du service militaire adapté, soutient avoir été contrainte de demander la résiliation de son contrat. Un engagement de dix mois au sein de l'armée, que sa hiérarchie lui aurait demandé de rompre pour convenances personnelles en représailles à son dépôt de plainte. Elle affirme qu'il lui a été "demandé de présenter une demande de résiliation de son contrat selon un modèle qui lui a été fourni, sous la menace d'être considérée comme en situation de désertion", poursuit le texte.
"A croire que c'était moi qui étais coupable". "Ils ont commencé par me demander si ça ne me dérangeait pas de démissionner mais je leur ai fait clairement comprendre que je resterai", a témoigné la jeune femme, en indiquant avoir été ensuite convoquée le 20 décembre "dans le bureau du colonel où il m'a dit 'pour vous c'est terminé, pour le bien-être de la formation, des élèves, des formateurs. A croire que c'était moi qui étais coupable de quelque chose, je n'ai senti à aucun moment que j'étais soutenue", a-t-elle regretté. La stagiaire avait saisi la justice administrative le 7 février pour réclamer la suspension de la résiliation de son contrat. "On a fait pression pour qu'elle démissionne", a affirmé Me Delacharlerie. "Elle aurait dû être protégée, et on lui dit 'c'est toi qui t'en va'", a-t-il déploré.
Une enquête interne du ministère. Le 27 février, Jean-Yves Le Drian a demandé l'ouverture d'une enquête interne au ministère de la Défense sur les violences sexuelles et les cas de harcèlement commis à l'encontre des femmes dans les armées françaises. Cette enquête fait suite à la publication, le même jour, d'un livre intitulé "La guerre invisible", qui évoque une quarantaine de cas de ce type survenus ces dernières années. La décision du tribunal administratif de Nantes est provisoire, a souligné Me Delacharlerie, l'affaire devant encore être jugée au fond par le tribunal administratif.
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