Il attend sa commande depuis 2011. Un client du site de vente de vin 1855.com, qui avait commandé une douzaine de bouteilles de grands crus de Bordeaux, à 190 euros pièce, n'a toujours pas reçu sa commande. Le site a été condamné par le tribunal de Bordeaux à verser 50 euros par jour de retard à son client, qui n'est pas le seul dans ce cas. Une cinquantaine de clients se sont manifestés et l'un d'eux attend pour plus de 22.000 euros de grands crus.
Créé en 2002, le site 1855.com, condamné fin mai selon Sud-Ouest, se positionne sur un marché haut de gamme, en proposant des Bordeaux primeurs avec plus de 500 références. Le principe est simple : les clients passent commande avant même que le vin ne soit mis en bouteille et que les prix ne s'envolent. Le client qui attend encore ses bouteilles avaient ainsi passé commande en 2009.
La société cotée en Bourse
En principe, le système avantage tout le monde : l'acheteur peut économiser jusqu'à un quart du prix. Le producteur, lui, peut ainsi récupérer une petite trésorerie d'avance.
Avant l'arrivée de ce site, la vente de primeurs restait l'apanage de certains amateurs de vin. En s'ouvrant sur Internet, l'achat de crus millésimé s'est démocratisé et la société, introduite en Bourse, a enregistré un bénéfice supérieur à 1 million d'euros. Sauf que 1855.com a du mal à répondre à certaines commandes et des bouteilles de Médoc ou de Sauternes peuvent s'avérer difficiles à trouver. L'entreprise enregistre tout de même les achats, et affirme passer les commandes.
Un système vieux d'un siècle
Le système n'est pas nouveau : il date d'il y a plus d'un siècle. Et il peut parfois entraîner des dérives, prévient Alan Sichel, le président de la fédération des vins de Bordeaux, au micro d'Europe 1. Certains, "qui ne sont pas de vrais professionnels de la filière, s'immiscent dans cette distribution sans avoir les connaissances, les compétences, les contacts nécessaires pour assurer un travail performant".
"Il y a des opérateurs qui aujourd'hui en font un produit financier, ce qui n'était pas du tout l'objectif", tempête-t-il, ajoutant : "ce n'est pas sur tous les millésimes qu'il peut y avoir une valorisation du produit".