- Gilles Mignon, otage au Nigeria pendant 10 jours, revient sur sa détention.
A sa libération, le 19 novembre dernier, Gilles Mignon avait seulement déclaré : "C'est super d'être libre. C'est tout ce que je peux dire". Pour la première fois, l’otage français, capturé sur une plate-forme pétrolière, le 7 novembre au Nigeria, a accepté de revenir sur ses conditions de détention.
"Descendre une personne, ce n’est pas un problème pour eux"
Pour lui, les motivations de ses ravisseurs étaient simples : "Ce qu’ils voulaient, c’était trouver des blancs et chercher de l’argent", assure-t-il. "Ils (les ravisseurs, ndlr) se disent militants contre le gouvernement nigérian mais au fond ce sont juste des pirates bien armés", note aujourd'hui l’ex-otage français.
"La vie humaine leur importe peu" :
"Les ravisseurs nous disaient : "Demandez à votre compagnie, il faut nous payer ça, ça et ça ; autrement, on vous coupe la tête", témoigne Gilles Mignon. L’ex-otage en est persuadé : ses ravisseurs étaient prêts à les tuer. "Descendre une personne, ce n’est pas un problème pour eux. Ils n’ont aucun respect pour l’être humain", assure-t-il.
19 otages pour une tente de quatre personnes
Une heure et demie après son enlèvement de la plate-forme pétrolière, Gilles Mignon est emmené sur le camp principal des ravisseurs. Il doit partager avec les 18 autres otages une tente pour quatre personnes. "Six jours dans une tente canadienne, c’est long", raconte-t-il.
Au-delà de ses conditions de détention, Gilles Mignon a été marqué par la violence de ses ravisseurs, sous l’emprise de la drogue et de l’alcool, "les yeux exorbités". "Quand vous avez une Kalachnikov devant la tête, c’est violent", confie-t-il. "Il y a toujours la peur de prendre une balle perdue ou une mauvaise balle. J’ai vu un collègue qui s’est pris une balle dans le pied et l’autre dans le mollet", raconte l’ex-otage, âgé de 49 ans.
L'armée nigériane a libéré, le 17 novembre, 19 otages lors d'une opération mêlant des forces aériennes, maritimes et terrestres dans le delta du Niger. Parmi elles, les deux otages français, Gilles Mignon et Patrick Wezer. Le principal groupe armé du sud pétrolifère, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend), avait revendiqué l'enlèvement de 14 de ces 19 otages.