Une école privée jésuite des beaux quartiers marseillais a décidé d'interdire les vêtements de marques réputées onéreuses. Plus de marques, plus de logos trop visibles, mais aussi plus de couleurs flashies, ni de décolletés. Les élèves qui ne rentrent pas dans le rang s'exposent à la punition de la blouse. Et ceux qui résistent vraiment risquent le renvoi. Pour la direction, cette mesure vise à gommer les différences. Les élèves contraints de porter une blouse y voit, eux, une stigmatisation.
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"Toute l'école nous regarde". La petite robe griffée sans manche un peu trop courte, c'est terminé. Margaux, élève de première, en fait les frais. A peine franchit la porte d'entrée, un surveillant lui tend une blouse. Une punition difficile à digérer pour la jeune fille. "Ma robe est jugée trop courte. Elle arrive au milieu des cuisses. Quand on a cette blouse, toute l'école nous regarde. On se sent stigmatisé. C'est vraiment abusif comme mesure", estime la jeune fille, dont les amies partagent le constat.
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"C'est insupportable de s'habiller le matin". On ne sait pas quoi mettre. On n'a plus le droit aux motifs, plus le droit aux marques, on n'a plus le droit à rien. C'est exagéré je trouve", ajoute une autre lycéenne.
"Ça nous fait marrer". Pour les garçons, cette nouvelle mesure semble moins compliquée. D'autant plus que le nouveau "dress-code" autorise quelques entorses, pour échapper à la fameuse blouse. Niels et ses copains préfèrent donc en rire. "Le règlement nous autorise d'avoir un logo de trois centimètres sur trois centimètre, donc là je passe", confie le jeune homme au tee-shirt Lacoste. "C'est drôle, surtout qu'elles sont bleues lavandes, avec marqué 'educated by Jesuites'. Alors, nous, ça nous fait marrer", ajoute un autre.
"Il faut refaire toute la garde-robe". Mais ce sont les mamans qui rigolent moins. Certaines d'entre elles sont en effet obligées de revoir toute la garde robe de leurs enfants. Un vrai casse-tête. "Par exemple, il ne faut pas de trop grosses fleurs. Donc il faut refaire toute la garde-robe. Je pense que la plupart des parents vont demander un tablier, parce que c'est beaucoup plus simple", commente l'une d'entre elle.
"Trouver sa propre façon d'évoluer dans ces règles". Mais selon le personnel de l'établissement, il ne s'agit pas d'une chasse aux sorcières, simplement faire comprendre que l'on ne regarde pas l'autre en fonction de ses vêtements. Le Père Sevez souhaite en effet mettre l'accent sur la portée éducative de cette mesure. "L'uniforme, ça aurait été facile : mais nous voulons que les élèves trouvent leur propre façon d'évoluer dans ces règles", commente-t-il au Figaro.