L'INFO. Il n'y a pas de fumée sans feu. C'est un peu le point de vue d'une buraliste de Plaisance-du-Touch, près de Toulouse, qui accuse de concurrence déloyale un vendeur de cigarettes électroniques installé depuis le mois de juin dernier à 100 mètres de son échoppe. La vendeuse de cibiches à l'ancienne a assigné ce dernier en référé, ce qui constitue une première en France.
>> Annie Pontus, la buraliste en question, explique son point de vue au micro d'Europe 1.
"C'est la publicité qui nous dérange". Pour la buraliste, les responsables de la boutique voisine, nommée "Esmokeclean" -comprendre "la cigarette électronique propre"- violent la règlementation. "C'est la publicité qui nous dérange", assure Annie Pontus. "Sur leur vitrine, il y est marqué 'fumez autrement', des choses comme ça. Nous, on n'a pas le droit de faire de la publicité mais ces gens-là, qui vendent des produits dérivés de nicotine peuvent en faire". Selon la buraliste et son avocat, les e-cigarettes et leurs liquides, qui contiennent le plus souvent de la nicotine, doivent être considérés comme des produits assimilés au tabac.Toujours selon eux, les e-cigarettes doivent également relever du monopole d'État et leur vente doit donc être confiée aux seuls débitants de tabac. "Je pense que ce n'est pas bien contrôlé. Ils s'implantent autour des tabacs et je pense que c'est une dérive", poursuit la buraliste. "Si on me dit que ces boutiques ont tous les droits, y compris celui de faire de la publicité, je ne vois pas pourquoi les bureaux de tabac n'auraient pas le droit d'en faire également".
"Eux, c'est l'addiction. Nous, c'est le remède". Reynald Pirat, l'un des patrons de la boutique, s'étonne de cette assignation qu'il juge "tirée par les cheveux". "Je ne fais pas du tout le même produit qu'eux", déclare-t-il. L'homme détient avec son associé à Colomiers, en Haute-Garonne, une autre boutique de ce type. "Ils ne sont jamais venus me voir pour qu'on puisse avoir une explication", ajoute-t-il amer, mais promettant de ne pas "se laisser faire". Son avocat, Benjamin Echalier, dément lui que la e-cigarette soit "un produit du tabac". Dès lors, il "échappe au monopole d'État" et "il n'existe aucune législation" le concernant, dit-il. Quant à la publicité faite autour de l'e-cigarette, elle "vante le sevrage" par rapport au tabac, ajoute-t-il. "Eux, c'est l'addiction et nous c'est le remède, c'est ironique quelque part", poursuit-il, jugeant "l'action de la partie adverse téméraire et aléatoire". Réponse possible le 17 octobre, date à laquelle l'affaire devrait être jugée. Le buraliste demande au juge des référés d'ordonner sous astreinte à la boutique de cesser toute promotion des e-cigarettes et leur commercialisation.
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