L'éducation nationale accusée de favoritisme. Dans un rapport que s'est procuré Le Monde, la Cour des comptes épingle le système de répartition des moyens dans l'Éducation nationale. s'il ne s'agit que d'observations provisoires - la publication définitive du rapport interviendra dans plusieurs mois - le constat est éloquent.
Le rapport, fruit d'une année de travail dévoile une véritable inégalité dans la répartition des moyens d'enseignements en France. En résumé, l'État donne davantage aux établissements qui bénéficient de plus de moyens et moins aux plus défavorisés.
Les académies de banlieues parisiennes défavorisées
Les exemples les plus évocateurs concernent la région Ile-de-France. Ainsi, le nombre de places disponibles pour les enfants entrant à l'école en maternelle n'est pas le même. En Seine-Saint-Denis, seuls 0,9 % des moins de 3 ans ont une place à l'école contre un peu plus de 4 % dans l'académie de Créteil et 13,4 % en moyenne nationale, souligne Le Monde.
Autre exemple : la position hégémonique de Paris pénalise les académies de Créteil et de Versailles. Si le nombre d'élèves à Créteil ne cesse d'augmenter - plus 3.836 élèves dans le second degré en 2011 - l'académie a perdu 426 postes. A contrario, Paris, dont le nombre d'élèves a augmenté de seulement 1.000 jeunes en 2011, a obtenu 20 emplois supplémentaires.
Paris grand favorisé
Pour enfoncer le clou, le rapport souligne que l'Etat a dépensé 47 % de plus pour former un élève parisien que pour former un banlieusard de Créteil ou de Versailles. Ce constat est encore plus inégalitaire avec les académies de province.
En 2010, le ministère de l'Éducation a dépensé 51% de plus pour un Parisien que pour un Niçois. Pour un élève de primaire de l'académie la plus défavorisée de France métropolitaine, dont Le Monde ne donne pas le nom, l'État dépense 2.861 euros par an. Un chiffre qui s'élève à 3.134 euros pour un Parisien.
Les enseignants moins expérimentés en ZEP
Toujours selon le rapport de la Cour des Comptes, les enseignants les plus compétents sont envoyés dans les établissements les plus favorisés, c'est-à-dire ceux recueillant un taux de réussite supérieur à la moyenne nationale. L'académie de Paris bénéficie donc d'enseignants plus expérimentés et une offre de formation bien plus large.
Les zones d'éducation prioritaires (ZEP) récupèrent bien souvent les professeurs qui coûtent le moins chers, soit les plus jeunes et les moins expérimentés. Si 9,2% des enseignants ont moins de 30 ans en moyenne nationale, ils sont 21,6 % à Créteil. Dans cette même académie 8,6 %, des profs sont non-titulaires, contre 4,9% en moyenne. A l'inverse, à
Paris, 24,2 % des enseignants sont agrégés pour une moyenne nationale deux fois moins élevée.
Enfin, le budget accordé par les collectivités territoriales aux établissements varie sensiblement en fonction des régions. Selon Le Monde, en lycée, la participation des régions varie du simple au double, et celle des mairies, pour le primaire, de 1 à 10.
Avant la publication de ce rapport, le ministère de l'Éducation nationale et les recteurs d'académies doivent faire part de leurs remarques. Leurs réponses devront ensuite être annexée à l'étude. Il reste donc quelques mois pour trouver des solutions à ces problèmes d'inégalité à l'école.