Ambiance tendue à la mairie de Bobigny. Une élue de cette ville de Seine-Saint-Denis a récemment porté plainte pour "menaces de mort" et "séquestration" contre plusieurs de ses collègues. Qui, en réaction, veulent l'attaquer pour "dénonciation calomnieuse". Cette élue, adjointe à la petite enfance, assure avoir été séquestrée dans un bureau et menacée de mort par quatre membres de l'équipe du nouveau maire UDI Stéphane De Paoli, qui l'accusaient d'avoir diffusé un tract mettant en cause la municipalité.
Convoqués au commissariat. Les personnes mises en cause, parmi lesquelles le premier adjoint au maire, ont été convoquées au commissariat de Bobigny mercredi et confrontées à la plaignante, qu'ils "soupçonnaient d'avoir distribué un tract et ils lui ont mis la pression". Dans un communiqué, la mairie de Bobigny a rejeté les accusations de l'élue, qui s'est vu retirer sa délégation par le maire. "Les quatre personnes mises en cause par la plainte pour 'menaces de mort et séquestration' déposeront plainte pour dénonciation calomnieuse", précise la municipalité.
Tout commence fin juin, quand un tract anonyme est diffusé dans des boîtes aux lettres de la ville. Le document accuse la mairie d'avoir recruté comme chargée de mission une jeune femme condamnée à un mois de prison ferme pour violences et par ailleurs épouse d'un membre du "gang des barbares", actuellement incarcéré pour son implication aux côtés de Youssouf Fofana dans la mort d'Ilan Halimi.
"Tu crois que tu parles à qui ?" Accusée d'être à l'origine de ce tract, l'élue a été reçue début juillet dans un bureau de la mairie. Selon Marianne, qui diffuse sur son site des extraits de la conversation enregistrés par la plaignante à l'insu de ses interlocuteurs, elle a alors fait l'objet d'intimidations."Tu es rentrée sur un terrain qui est dangereux pour toi", affirme, dans ces enregistrements, un homme présenté comme le directeur du développement territorial de la ville. "Tu crois que tu parles à qui? (...) Y'a personne qui me parle comme ça dans cette ville!", ajoute-t-il. Un deuxième homme, présenté comme Christian Bartholmé, premier adjoint au maire de Bobigny mais aussi collaborateur du cabinet du député-maire de la commune voisine de Drancy Jean-Christophe Lagarde (UDI), prend alors la parole: "Si tu as la moindre info, crache-la (...) Parce que c'est aussi dangereux pour tes miches", déclare-t-il.
Le maire de Bobigny a décidé de porter plainte en diffamation contre la rédaction de Marianne, pour cet article intitulé "Comment la droite confie Bobigny à des petits caïds". "L'assimilation de la municipalité à un groupe de 'petits caïds' constitue en soi une atteinte à l'honneur des élus et des agents de la ville", estime l'édile. Stéphane De Paoli, adoubé par l'UDI, mené dans le 93 par Jean-Christophe Lagarde, avait créé la surprise aux municipales en remportant 54% des voix devant la candidate sortante communiste Catherine Peyge.