L’ENQUÊTE. Que ce soit en presse écrite, radio ou télévision, il n'y a pas un seul média dans lequel Claude Guéant n'a pas été présent cette semaine. Il faut dire que l'ancien pensionnaire de la place Beauvau n'en finit plus de s'expliquer depuis lundi sur ces fameuses "primes de cabinet". Claude Guéant prétend avoir perçu des primes en liquide lors des ses passages au ministère de l'Intérieur, entre 2002 et 2006. Problème : cette pratique est censée avoir été interdite en 2002, sous le gouvernement Jospin. Afin de faire toute la lumière sur cette affaire, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a diligenté jeudi une enquête administrative. On devrait très rapidement savoir si ce système opaque a perduré jusqu'en 2006 ou pas. Et si l'argent de Claude Guéant provient du ministère ou pas.
Une demande de Matignon. Le gouvernement veut en avoir le cœur net : c'est Matignon qui a demandé à Manuel Valls d'ouvrir cette enquête. L'inspection générale de l'administration et la police des polices vont devoir éplucher le fonctionnement de la place Beauvau sur ces dix dernières années. Et ils vont devoir faire toute la lumière sur deux systèmes de primes. D'abord, les primes versées aux policiers destinées aux frais d'enquête et qui existent toujours aujourd'hui. Ensuite, les fameuses primes de cabinet qui sont censées avoir disparu en 2002.
Du liquide oui, mais pour les frais d'enquête. "Il faut bien faire la différence" entre ces deux systèmes, souligne au micro d'Europe 1, Nicolas Comte secrétaire général adjoint du syndicat UNITÉ-SGP Police. Selon le syndicaliste, les primes versées aux policiers servent "à rémunérer un certain nombre de frais qui peuvent être engagés dans des enquêtes. Les cabinets ministériels ne sont pas confrontés à ce type de mission", précise le syndicaliste. "Sur le principe, je ne vois pas comment on peut justifier des enveloppes (au sein de cabinets). Les cabinets ministériels ne mènent pas d'enquête", note Nicolas Comte.
Résultat attendu dans un mois. En clair, ni Claude Guéant, ni d'autres membres de cabinets ministériels ne pouvaient théoriquement percevoir des primes d'argent liquide. Et c'est donc ce que cette enquête administrative va s'atteler à vérifier. Manuel Valls veut des résultats rapides avec un premier rapport attendu sous huit jours et des conclusions définitives dans un mois.