Pour la première fois en France, une formation pour accompagner les handicapés dans leur vie sexuelle aura lieu dans quelques jours près de Strasbourg. A l’origine de ce stage, Marcel et Jill Nuss. Lui est lourdement handicapé. Elle est une ex-escort girl. Ils ont créé une association et donneront leurs premiers cours, la semaine prochaine.
Le combat d’une vie. Atteint d’une amyotrophie spinale, une maladie congénitale et évolutive, Marcel est dans un fauteuil roulant. Depuis de nombreuses années, il se bat pour le droit des handicapés à avoir une vie sexuelle. En 2007, il décide de créer le Collectif handicaps et sexualités (CHS). Quelques années plus tard, il écrit sa biographie, Je veux faire l’amour (éditions Autrement). Avec Jill, avec qui il s’est marié le mois dernier, il va donc lancer cette formation.
Une formation théorique pour gommer "l’appréhension". A partir de jeudi 12 mars, 13 personnes paieront 450 euros pour un stage de trois jours et demi. Parmi elles, de prostituées, des masseurs mais aussi une aide-soignante. Jill sait qu’elle peut leur apporter énormément. "J’entends beaucoup de peur, d’appréhension", raconte-t-elle à Europe 1. "Les gens qui veulent aider les handicapés me disent souvent : ‘Oui, je voudrais bien répondre à ce Monsieur, à cette dame, mais je n’ose pas, j’ai peur, peur de mal faire’. Ça peut être juste des caresses. Ça peut rester très soft. Ce qu’il faut, c’est se rappeler quelques bases techniques", poursuit Jill qui précise que la formation est technique et non pratique. "Il y a de nombreux types de handicap que ces assistants vont être amenés à rencontrer. Je les rappellerai d’ailleurs en début de formation".
Cette pratique est-elle autorisée en France ? Ce statut n’existe pas encore dans notre pays. Certains redoutent notamment une forme cachée de prostitution. "C’est juste une putain d’hypocrisie française", s’emporte Marcel Nuss. "On nous brandit le respect des libertés et dès qu’on touche au zizi ou à la zézette, là ça ne va plus. Il faut bien être clair : l’association est contre toute forme d’exploitation sexuelle". D’autres pays comme la Suisse, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas ou l’Italie ont déjà franchi le pas sur le statut d’assistant sexuel.
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