Les maternités françaises fonctionnent mal, dénonce la Cour des comptes dans un rapport. La France n'est qu'au 17ème rang européen pour le risque de mortalité néonatale. Pas moins de 2.000 bébés décèdent chaque année dans le mois qui suit leur naissance. Les Sages de la rue de Cambon préconisent donc une restructuration du réseau de maternités françaises, quitte à fermer certains petits établissements, jugés dangereux.
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"Presque de l'assassinat légal". Il est difficile pour une femme enceinte de devoir parcourir plusieurs kilomètres pour accoucher, d'où l'utilité d'avoir des petites maternités, même dans les petites villes. Pourtant, selon la Cour, ce sont justement dans ces petits établissements, ceux où l'on pratique moins de 300 accouchements par an, que la sécurité est souvent insuffisante.
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"Celles et ceux qui vont taper du tambour parce que l'on fermera leur maternité feraient mieux de se taire. C'est presque de l'assassinat légal", dénonce également au micro d'Europe1 le professeur Guy Vallancien, chirurgien et auteur de nombreux rapports sur le système de santé en France. Et d'expliquer : "quand vous pratiquez moins d'un accouchement par jour, vous n'acquérez pas toute l'expérience nécessaire en cas de complication. Dans ces petits établissements, le personnel est moins rodé, les gynécologues sont souvent intérimaires, venant de pays dont l'on ne connaît pas toujours la formation. On multiplie tous les risques d'accidents graves".
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Une quinzaine de fermetures ? S'ils ne sont pas mises aux normes immédiatement, une quinzaine d'établissements doivent fermer sans délai, dit clairement la Cour des comptes. Le Figaro, qui cite les Sages, donne deux exemples. A Saint-Girons, en Ariège, la maternité a obtenu en 2001 une dérogation pour exercer. "Mais depuis, aucune visite de conformité n'a été réalisée", explique le quotidien. "À Die dans la Drôme, l'établissement, distant de 1h15 de Valence, a fait l'objet d'un avis défavorable de poursuite d'activité pour cause de 'dysfonctionnements dans la gestion des urgences vitales, d'erreurs de diagnostics et de retards à la décision'", détaille encore le journal.
Le Sénat, qui a commandé ce rapport, appelle la ministre de la Santé Marisol Touraine à réagir au plus vite.