Un simple travail de lycéens est aujourd'hui devenu une formidable histoire humaine. Mardi, des élèves de Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine ont rencontré une rescapée de la Shoah dont ils avaient retrouvé la trace dans les archives de leur ville. Ce groupe de sept lycéens a réussi à entrer en contact avec celle qui s'appelle désormais Dina Goldschalk. Les archivistes eux-mêmes n'avaient pas réussi à identifier ce qui était arrivé à celle qui s"appelait alors Claire après la Seconde Guerre mondiale. La fillette juive avait été cachée à la campagne avant la déportation de sa mère.
Le concours national de la Résistance en trame de fond. L'histoire démarre lorsque cette classe de première technologique s'inscrit au Concours national de la Résistance et de la déportation, avec leur professeur du lycée Galilée de Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine. Un concours qui avait d'ailleurs été porté à l'écran en 2014 dans le film Les Héritiers. "Pour rendre l'Histoire plus concrète, nous voulions nous concentrer sur des habitants" de la ville, raconte Aurélien Sandoz, l'un des professeurs.
La petite Claire devenue Dina. Au cours de leur travail, ce groupe de sept lycéens s'est particulièrement intéressé à une famille à l'histoire floue. Meddy, Paul, Rémi, Khaled, Quentin, Ahmet et Charlène remarquent qu'une même femme apparaît sous plusieurs noms dans des documents d'archives. Ils cherchent alors à dénouer les fils de cette histoire et découvrent que cette femme a caché certains de ses enfants à la campagne avant d'être elle-même déportée et de mourir dans les camps.
Parmi cette fratrie juive sauvée de la Shoah se trouve une fillette s'appelant Claire. Après six mois de travail, les élèves finissent par retrouver la cadette, la seule à être encore en vie. Claire s'appelle désormais Dina Goldschalk, et habite en Israël. A son départ de France en 1959, elle a "voulu laisser le passé" derrière elle, explique-t-elle. A 81 ans, elle est la dernière survivante de sa fratrie. Pendant la guerre, elle et deux de ses frères ont été cachés en Haute-Loire. Ses parents, ses deux soeurs et le plus jeune de ses frères sont morts en déportation, à Auschwitz. Seul son aîné est revenu.
"Ils m'ont appris des choses sur ma famille". Les lycéens et la rescapée échangent des mails et discutent par téléphone. Dina Goldschalk, qu''Europe 1 a pu contacter, s'émerveille de la qualité de leur travail d'enquête : "J'ai retrouvé des photos que je n'avais jamais vues, surtout de mon frère aîné", dit-elle. "Ils avaient appris des choses sur ma famille que je ne savais pas!", raconte-t-elle. Celle qui est partie de Gennevilliers comme une fillette juive anonyme salue "le travail très profond et sérieux que les jeunes ont fait. Leurs questions étaient logiques et justes".
Mardi, Dina Goldschalk s'est rendue à Gennevilliers pour rencontrer les lycéens de la ville. "Une journée pleine d'émotions", pour elle. Depuis son départ après la guerre, elle ne revenait que très discrètement en France. "J'ai longtemps eu l'impression d'avoir été oubliée", déplore-t-elle. Mais elle se réjouit de son retour : "J'ai quitté Gennevilliers à huit ans. Je suis partie anonyme, une petite fille juive qui devait aller se cacher. Je reviens ici à 80 ans. C'est un symbole." Son récit permettra de rectifier et de compléter les archives de la ville, qui comportaient des erreurs.