"Et toi t'as eu combien en maths ?". Cette question mille fois entendue à la sortie des cours est peut-être en voie de disparition. Dans ses premières propositions rendues publiques lundi, le Conseil supérieur des programmes (CSP) préconise en effet d'envisager d'"autres mesures que la notation décimale". Précisions.
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Les notes en question. Instance indépendante et consultative, le Conseil supérieur des programmes (CSP) estime que la question de la notation, "instrument traditionnel de l’évaluation", doit être posée. "Des travaux de recherche ont montré depuis longtemps que la note n’était pas une mesure parfaitement objective et neutre et qu’elle était relative au contexte", pointe ainsi le CSP.
Lors des apprentissages, l'évaluation peut se faire avec ou sans notes, écrit aussi le CSP, pour lequel les enseignants doivent avoir "une culture professionnelle de l'évaluation riche et variée". La note doit indiquer le niveau d'un élève et pas apparaître uniquement "comme un moyen de récompense ou de sanction et un instrument de tri et de hiérarchisation sociale des élèves".
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Une refonte du brevet ? Le CSP suggère également une refonte du brevet des collèges. Pour valider le futur socle commun de connaissances, de compétences et de culture proposé en juin et que les élèves devront avoir acquis à 16 ans, le CSP prône deux projets personnels en quatrième et troisième "inscrits dans des champs disciplinaires différents et présentés oralement devant un jury", une épreuve d'examen anonyme avec un sujet national ou académique ainsi que des évaluations entre la cinquième et la troisième "conçues collectivement par les enseignants de chaque établissement" à partir d'une banque d'exemples nationale ou académique.
Dans ce document initialement dévoilé par Le Monde, le CSP s'oppose à toute "moyenne de moyennes" des résultats obtenus dans les huit blocs de compétences de son projet de socle comme "comprendre, s'exprimer en utilisant la langue française à l'oral et à l'écrit" ou "observer, analyser, raisonner, réaliser".
La balle est dans le camp du ministère. Officiellement, la ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem n'a pas d'avis arrêté sur la question des notes. En novembre, cependant, après la visite d'un collège adepte de l’évaluation sans notes, la ministre avait souligné que l'évaluation actuelle "ne reposait aujourd'hui sur aucun fondement scientifique". Elle avait déjà souhaité en octobre que la nouvelle évaluation "encourage" les élèves "à apprendre et à progresser". Le débat ne doit pas être "caricaturé", avait-elle dit, souhaitant qu'on ne lui fasse pas "un procès d'intention en laxisme".
Pour trancher, Najat Vallaud-Belkacem ne dispose pas uniquement de l'avis du Conseil supérieur des programmes : une Conférence nationale sur l'évaluation des élèves se tiendra les 11 et 12 décembre.
Le SNALC-FGAF voit rouge. Si l'Unsa a accueilli favorablement les propositions du CSP, le SNALC-FGAF, le syndicat des personnels de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, a publié un communiqué mordant dénonçant "un mélange de discours idéologique anti-notes et de blabla institutionnel inopérant". Concernant la proposition de refonte du brevet, le syndicat fustige "une usine à gaz encore plus incompréhensible que le brevet actuel". Et le SNALC-FGAF d'appeler le ministère à évaluer le projet du CSP "à son juste niveau" soit "2/20 (un point pour la présentation et un point pour l'encre)".
Fin des notes à l'école : le CSP mérite 2/20 (un point pour la présentation et un point pour l'encre) http://t.co/xaMj0iL4xS— SNALC (@SNALC_FGAF) 2 Décembre 2014