Vétuste, le tribunal de Cayenne paralysé par un "droit de retrait"

© MAXPPP
  • Copié
avec AFP
Depuis lundi, les greffiers et magistrats du tribunal de Cayenne exercent leur "droit de retrait". Délabré, l'édifice serait trop dangereux. 

L'INFO. Ils refusent de se mettre en danger en travaillant dans un tribunal trop vétuste.  "La totalité des fonctionnaires et plus d'une dizaine de magistrats du tribunal de Cayenne", en Guyane, ont décidé lundi "d'exercer leur droit de retrait". Une décision motivée  par "les dangers que représentent les locaux  en état de délabrement", a indiqué lundi  le président du tribunal de grande instance (TGI), le juge Bruno Lavielle.

Une affaire reportée aux assises. "Les personnels ne sont pas en grève mais font valoir leur droit de retrait en annonçant qu'ils se retirent des locaux eu égard aux dangers qu'ils représentent", précise le juge Lavielle. Ce sont ainsi "les 43 fonctionnaires du tribunal (greffiers mais aussi personnels de catégorie B ou C)" qui ont décidé d'exercer leur droit de retrait. "Les 9 magistrats du siège sont dans le même cas ainsi que 4 magistrats du parquet sur 7",  ajoute-t-il. Ce mouvement de protestation a déjà eu pour effet de reporter lundi "une affaire à la Cour d'assises", a précisé le président du TGI, ajoutant que d'autres audiences devront aussi être reportées.

07.06.Justice.proces.pretexte.930.620

"Une charpente qui menace de tomber en ruines". Une commission de sécurité a effectué une visite des lieux, le 7 janvier dernier. Dans un rapport alarmant sur l'état de délabrement de l'édifice, elle conclut par ce commentaire : "l'état des bâtiments présente beaucoup de dangers pour le public et les agents". "Parmi le top ten, il y a une charpente qui menace de tomber en ruines au-dessus de la cour d'assises, des non conformités électriques, des infiltrations majeures, la présence de chauves-souris, rats, moustiques...", détaille le président Lavielle. S'il n'a pas annoncé personnellement qu'il exerçait son droit de retrait, eu égard à sa fonction de co-dirigeant, avec le procureur, de cette juridiction, le juge Lavielle a assuré "comprendre le mouvement" qui lui "paraît sur le fond peu contestable".

11.09 Christiane Taubira le 5 septembre 2012. 930620

© MAX PPP

Pas de visite de Taubira, pourtant en Guyane. Le président du TGI confirme que les magistrats n'ont pas reçu la visite de la garde des Sceaux, Christiane Taubira, en visite privée en Guyane ces derniers jours. "Nous avons eu de ses nouvelles par la télé, elle a indiqué qu'elle était respectueuse de la démocratie sociale", a-t-il commenté en faisant allusion à l'intervention de la ministre sur le plateau du journal de Guyane 1ère vendredi denrnier.

D'importants efforts récents, selon la ministre. Dans une interview publiée lundi par le quotidien France Guyane, Christiane Taubira affirme "ne pas avoir été sollicitée (par les personnels de justice)" avant d'ajouter savoir "qu'il y a des problèmes au tribunal" ou "la situation se dégrade depuis plus de 20 ans". "Il ne faut pas surinterpréter le rapport de la commission de sécurité", a poursuivi la ministre guyanaise, "on doit au personnel des conditions de travail correctes". "Mais il faut noter ce qui a été fait depuis 20 mois : toute une série de travaux, les effectifs ont été augmenté de 10% (...) En 20 mois, il a été fait pour la Guyane beaucoup plus qu'en 20 ans", a insisté Christiane Taubira.