Sept enseignes retirent des produits. Après la découverte de viande de cheval dans certains plats préparés de la marque Findus censés être au bœuf et commercialisés en Grande-Bretagne, sept enseignes de distribution françaises ont décidé de retirer certains produits de la vente. Il s'agit de lasagnes, cannellonis ou spaghettis bolognaise, moussaka, hachis Parmentier, vendus dans les magasins des groupes Auchan, Casino, Carrefour, Système U, Cora, Monoprix, Picard et fabriqués dans la même usine que les produits Findus en question. Findus et Carrefour ont d'ores et déjà mis en place un numéro vert pour répondre au questions des consommateurs. Il s'agit du 0800 20 50 53 pour Findus et du 0805 900 022 pour Carrefour.
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Findus porte plainte contre X
D'où vient la viande ? Les lasagnes incriminées sont préparées au Luxembourg et vendues par la société luxembourgeoise Tavola, filiale de l'entreprise française Comigel. La viande est, elle, d'origine roumaine. D'après Findus, s'appuyant sur une lettre de Comigel, cette fraude à la viande de cheval pourrait remonter à août 2012. Mais Findus n'était pas "au courant l'an dernier du problème de contamination à la viande chevaline", insiste le groupe. Tout en précisant que ces produits "ne comportent aucun risque sanitaire".
Seize pays concernés. Au cœur de l'affaire, l'usine Comigel, qui fabrique des plats préparés pour Findus et de nombreux clients. PME basée à Metz, dans l'Est de la France, Comigel est spécialisée dans la fabrication de plats surgelés à marque de distributeur. Ses produits sont distribués dans 16 pays d'Europe.
Plainte contre X. Findus France a confié dimanche à Europe 1 démentir les déclarations du PDG de Findus Nordic à l'AFP faisant état de l'intention du groupe de porter plainte contre Comigel. La filiale française assure s'en tenir à sont intention initiale, à savoir une plainte contre X. "On nous certifiait avoir de la viande de boeuf française dans nos recettes. En réalité on nous a fourni de la viande de cheval roumaine. Nous avons été trompés", avait déclaré le directeur général de Findus France Matthieu Lambeaux dans un communiqué. "Il y a deux victimes dans cette affaire : Findus et le consommateur. Nous porterons plainte contre X dès lundi", avait-t-il alors annoncé.
Comigel estime pour sa part "avoir été bernée" et va "demander réparation" pour le préjudice subi, a affirmé dimanche son président Erick Lehagre. "Nous avons été victimes et on voit bien aujourd'hui que le problème n'est ni chez Findus ni chez Comigel", a-t-il poursuivi, rappelant qu'il était initialement convaincu que la viande de son fournisseur Spanghero était exclusivement du boeuf.
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De la viande roumaine étiquetée boeuf. En Roumanie, les professionnels du secteur se défendent, et renvoient la balle vers l'importateur, la société Spanghero. "J'ai du mal à croire qu'un abattoir roumain ait pu livrer du cheval sous l'étiquette de boeuf", en raison des contrôles qui se font systématiquement dans les abattoirs, a déclaré le président des syndicats de l'industrie alimentaire (FSIA), Dragos Frumosu. Selon lui, si cela avait jamais été le cas, l'importateur français était obligé de vérifier la qualité de la viande lors de la réception, d'autant plus qu'il s'agissait d'une quantité importante. "S'il n'a pas protesté lors de la réception en constatant que c'était du cheval et pas du boeuf, c'est que soit il était complice avec le producteur roumain, soit il a changé l'étiquette après", a-t-il affirmé. Spanghero a quant à elle affirmé samedi avoir acheté de la viande de boeuf "origine Europe", et l'avoir simplement revendue.
"Pour l'instant, rien n'a été prouvé", a affirmé dimanche au micro d'Europe 1, le secrétaire d’État à l'Agriculture roumain, Achim Irimescu. "On sait que la Roumanie a exporté de la viande pour la France mais on ne sait pas encore pour ce qui est de Comigel". Pour le secrétaire d'Etat roumain, "il n'y aucun problème sur la sécurité alimentaire" car "tout ce que la Roumanie exporte est vérifié par les vétérinaires et la traçabilité est assuré".
Enquête et réunion de crise en France
Une réunion de crise à Bercy. Une réunion de crise se tiendra lundi soir à Bercy avec des représentants du gouvernement et de la filière viande, a annoncé dimanche l'entourage du ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon. "Le ministre de la consommation (Benoît Hamon ndlr) réunira lundi soir, avec le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll et celui délégué à l'agroalimentaire, Guillaume Garot l'ensemble des acteurs de la filière", selon le ministère.
"Des sanctions" ? "Nous avons diligenté une enquête, une enquête pour d'abord connaître la vérité et puis pour établir bien évidemment les responsabilités, parce que nous devons ça aux consommateurs", a déclaré Guillaume Garot, ministre délégué français à l'Agroalimentaire sur BFM TV. "Cette enquête permettra de remonter toute la chaîne de la traçabilité pour connaître exactement ce qui s'est passé", a-t-il ajouté. "S'il y a défaillance, s'il y a responsabilité avec faute, il y aura des sanctions, cela va de soi."
Une "traçabilité insuffisante". De son côté, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a confirmé la présence de viande de cheval dans ces plats et cherche à identifier l'origine de la "tromperie". "Les contrôles réalisés par les enquêteurs de la DGCCRF ont confirmé la présence de viande de cheval mélangée à de la viande de boeuf et ont mis en évidence que la viande avait transité par plusieurs intermédiaires au niveau européen, avec une traçabilité insuffisante".
Les premiers résultats de cette enquête ont été dévoilés dès samedi par le ministre délégué à la consommation, Benoît Hamon. Celle-ci révéle un circuit commercial passant par Chypre et les Pays-Bas. "Le fournisseur de l'usine luxembourgeoise est le groupe français Poujol", la holding chapeautant la société est Spanghero. Poujol "a acquis la viande surgelée auprès d'un trader chypriote, qui avait sous-traité la commande à un trader situé aux Pays-Bas, ce dernier s'étant fourni auprès d'un abattoir et d'un atelier de découpe situés en Roumanie", a précisé le ministre.