"Nous pensons que nous avons commencé à assainir la filière viande", s'est félicité Benoît Hamon mardi, lors d'un déplacement au Parlement européen de Strasbourg. Le ministre de la Consommation a profité de son voyage pour dévoiler les premiers résultats des tests ADN, effectués après le scandale de la viande de bœuf étiquetée "cheval". La Direction générale de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) a procédé à 138 prélèvements sur des plats surgelés étiquetés bœufs, dans 121 établissements français. On vous résume les premiers résultats.
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9 plats sur 10 faussement étiquetés au début du scandale. L'étude révèle d'abord un chiffre effrayant : lors du premier test effectué début février, 90% des plats contrôlés par la DGCCRF comprenaient au moins un peu de viande de cheval, alors qu'ils étaient étiquetés bœufs. Deux semaines après l'éclatement de l'affaire, un deuxième test révélait qu'il n'y en avait plus que 5%. D'où le satisfecit de Benoît Hamon : "plus on fait des tests, moins on trouve de cheval, c'est encourageant". Mais ces chiffres sont à relativiser. Lors du premier test, seuls dix plats avaient été contrôlés, pris au hasard dans les magasins. Le deuxième test, lui, portait déjà sur 40 plats. À terme, la DGCCRF entend effectuer des tests sur les 138 prélèvements.
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Cinq entreprises françaises concernées. Benoît Hamon a confirmé par ailleurs que Spanghero n'est pas la seule entreprise française à avoir distribué de la viande de cheval étiquetée bœuf. La DGCCRF en a découvert chez quatre autres sociétés. Mais contrairement à Spanghero, aucun élément ne laisse penser que ces entreprises ont voulu tromper les consommateurs.
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Gel Alpes et Covi, déjà blanchis ? La société Gel Alpes, fournisseur de William Saurin et Panzani, a même présenté aux autorités des factures attestant qu'elle avait bien commandé de la viande de bœuf à son fournisseur. Tout comme le fabricant de corned-beef, Covi, qui a par ailleurs prévenu lui-même les autorités. Covi et Gel Alpes étaient toutes deux en relation avec l'intermédiaire néerlandais Draap Trading, déjà mis cause dans l'affaire Spanghero. "Les deux entreprises n'ont pas délibérément changé leurs étiquettes", contrairement à ce qui est reproché à Spanghero, a souligné le ministre de la Consommation. Cette différence explique qu'elles n'aient pas, elles, été privées de leur agrément sanitaire.
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Faible dose de cheval pour Davigel et Toupnot. Dans les deux autres cas, la présence de viande de cheval est "le plus souvent détectée en faible quantité", a ajouté Benoît Hamon. Pour Davigel (groupe Nestlé), fournisseur de plats préparés pour des restaurants français, la viande examinée contenait entre 1 et 3% de cheval. La société a prévenu les autorités d'elle-même. Le dernier circuit évoqué est celui touchant le fabricant de corned beef Toupnot, à "l'attitude très constructive", selon le ministre. Là aussi, le cheval était présent en faible quantité parmi le bœuf. Pour ces deux sociétés, la présence de cheval pourrait donc être due à une machine d'abattage mal nettoyée.
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Les produits incriminés ont-ils bien été retirés des rayons? Les services de l'Etat ont également vérifié si les distributeurs avaient bien retiré de leurs rayons les produits des marques incriminées dans ce scandale. A cet effet, près de 4.100 points de vente ont été contrôlés. Les inspecteurs n'ont trouvé des produits potentiellement suspects que dans une vingtaine de magasins, "surtout des petites surfaces ou des supérettes". "Honnêtement, c'est un bon ratio", s'est réjoui Benoît Hamon, qui entend bien rassuré le consommateur pour enrayer la chute des ventes en cours depuis le début de l'affaire.